Le cheminement qui a mené Brooks aux huit titres de "Roman Roads", inspirés par les voies romaines, a commencé à la fin des années 1990, lorsqu'il était membre fondateur et guitariste d'Appliance, qui avait pimenté d'un élégant murmure la structure instrumentale du post-rock.
Après la sortie chez Mute de quatre albums salués par la critique, Appliance s'arrêta en 2003. Depuis, Brooks a passé une maîtrise en beaux-arts, mais la musique est demeurée une constante. D'ailleurs, c'est en écoutant "des trucs en solo à la guitare" comme John Fahey ou les artistes du label Takoma que Brooks comprit qu'à l'avenir, il se lancerait dans ses projets en solitaire : "Je n'avais plus envie de faire partie d'un groupe." En tentant de monter un nouveau projet en parallèle de son art visuel, Brooks se lança dans les enregistrements-maison, dans son appartement de l'est de Londres à Hackney : "mon disque dur externe est bourré de tous ces trucs," dit-il. Land Observations s'est développé à partir de ce qu'il voyait à deux pas de chez lui – les voies romaines de communication et de conquête sortant de la vieille Cité de Londres pour traverser l'Angleterre, l'Écosse, le pays de Galle et l'Europe. Il a toujours su qu'il s'agirait d'un projet instrumental "visuel de façon implicite, des paysages sonores en l'occurrence. Le titre s'est imposé assez vite, je me suis dit, c'est ça, je ne veux pas utiliser mon nom, je veux un nom écran qui me permet d'explorer différents milieux ou le monde naturel par le biais de la musique." Après un EP pour Enraptured Records et un passage au Short Circuit Festival organisé par Mute en mai, Brooks s'est "aperçu que je voulais aller plus loin et enregistrer un album."
Influencé autant par Tom Verlaine que Steve Reich et le krautrock, Brooks explore sur "Roman Roads" le pouvoir du minimalisme pour créer des atmosphères chaleureuses et évocatrices. La guitare légère de Battle Of Watling Street apparaît au milieu d'une petite brume de journée d'été, tandis que les drones font penser à des feuilles s'agitant dans la brise. Appian Way est une rêverie où les légions romaines marcheraient sur les rythmes de Klaus Dinger de Neu!. Même si Brooks a consacré un temps considérable à faire des recherches sur les voies romaines, il ne s'agit pas juste d'un projet historique, ni d'une tentative de se tourner vers le passé. On y trouve plutôt une vraie fascination pour ces voies en tant que structures créées par l'homme, dont les lignes fortes zèbrent le paysage, formant un album qui revient sur les idées de voyage, de mouvement et de progression. Comme le dit Brooks, "il s'agit plus d'être dans le présent et de s'ouvrir aux fantômes du passé. Je voulais un disque contemporain qui essaye de poser des questions." C'est ce qu'on entend sur Before the Kingsland Road, où l'on distingue une pulsation évoquant des pylônes qui défilent à travers les fenêtres d'un train à grande vitesse sous un simple motif de guitare incertain. Ces sensations de voyage et d'effet méditatif inspirant sont des éléments clé : "Si l'on est dans un certain état d'esprit, on ne peut pas résister aux évocations de cette notion de mouvement ainsi qu'à la poésie allant avec. Je veux me colleter avec cela d'une certaine façon, avec l'introspection mélancolique du voyage." Après "Roman Roads", Brooks suggère qu'il pourrait y avoir d'autres destinations pour Land Observations. D'ici-là, c'est à nous de poursuivre son voyage et d'emmener Roman Roads où bon nous semble, chaque auditeur imaginant le paysage qui l'entoure pendant l'écoute. "J'ai vraiment eu plaisir à composer ces morceaux qui tentent de parler de route, mais bien sûr, ce ne sont que des fragments. Et c'est très bien comme ça, ça devrait être toujours le cas de la musique", dit-il. "Je ne veux pas que ce soit complétiste et dire, c'est là que ça commence et c'est là-bas que ça se termine." Plus d'informations ici.
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