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The Servant (Istres)
 

par Harry et Audrey (14/11/04)

 
Extrait en musique

 

 
Article par I-Muzzik

 

Sur scène, ce samedi 13 novembre 2004, à l’Usine de Istres, les Anglais de The Servant vont mettre en lumière leur pop malade, bancale, dont la complexité se révèle encore mieux dans une salle convenablement remplie que sur disque. En effet, on pourrait croire que The servant écrit une pop gentille et bien foutue qu’une écoute superficielle de leur album éponyme semble montrer ; en fait la scène démontre toute la difficulté de reproduire à quatre musiciens les structures complexes d’une pop mutante. Et les Servant s’en sortent, au fil des morceaux à merveille.

Habillés assez simplement, hormis le chapeau presque ridicule de Matt Fischer (voudrait-il cacher une calvitie naissante ? ), les quatre membres de The Servant prennent place sur la scène de l’Usine, salle où je mettais les pieds pour la première fois, salle à la programmation impeccable pour une ville moyenne de Province, salle où viendront se produire dans les prochaines semaines Cali, Autour de Lucie, The Stranglers et nos chou-chous de Deportivo.
Le départ est assez pénible. On se demande si le groupe y croit vraiment, s’ils ne font pas un show parce qu’il faut le faire, sans y mettre vraiment du cœur. D’ailleurs, « Cells » qui ouvre le set comme l’album, puis « I can wait in your mind », morceaux retravaillés et à l’aspect étrange, emplis d’aspérités, sonneraient presque faux, ou du moins étaient dissonants. Il faudra attendre que Dan Black pose sa guitare pour que le concert s’emballe, pour que la musique prenne de l’ampleur.

Enfin, la présence du leader/chanteur Dan Black sur scène devient évidente, présence entre grande prestance, charisme et outrance. Comme s’il était né pour ça, comme si son destin se résumait à quelques pas d’une danse désarticulée, singulière et toute personnelle, devant quelques centaines de personnes acquises à sa cause. Ses tentatives d’humour dans un français maladroit (bel effort tout de même), plein de mimiques, ne sont pas étrangères à un réchauffement de la salle, au moment où les morceaux deviennent moins faciles. Faces B plus funk que fun, inédits à l’intro, très AC/DC, avec la guitare très noise de Chris Burrows et celle électrique dans les mains de Dan Black, « Beautiful thing », « Body », les morceaux s’enchaînent avec en fond Dan Black qui joue les « pois sauteurs ». Il remplit à merveille son rôle de leader charismatique et de beau gosse, avec cette pointe d’ironie et de recul, qui marque l’intelligence pour un leader avec un public (féminin ?) à ses pieds. On regrettera peut-être une insistance un peu trop lourde de la part de ce même public (féminin ?) à réclamer en permanence « Orchestra », gros succès du groupe, mais chanson au final ni meilleure, ni moins bonne que l’ensemble.

En fait, la musique de The Servant, est une musique cabossée, jouée par un groupe lui-même cabossé. Tout semble bancal, prêt au dérapage, à la déviance après chaque couplet … ce qui les rend plus intéressants encore. De tous les groupes qui touchent le succès du doigt, The servant semble un des plus aptes à résister à son appel destructeur, pour continuer à se construire une impeccable carrière dans la pop anglaise. Une pop Anglaise qui se déploie de toute sa classe, sa préciosité, sa hargne et sa candeur, le temps d’un « Orchestra » magistral et très attendu, d’un « Liquefy » superbe et efficace, avec son ambiance renaissance, et d’un « Jesus says » tout en énergie impure mais contrôlée. Trois chansons, trois moments implacables, à la fois dérisoires et foisonnants, qui forment un seul et même évènement devenu passionnant.

Décidément, The Servant n’est pas un groupe gentillet et simple. Chaque version, chaque titre, recèle sa part de surprise, de déclinaison tordue. Et les deux rappels, « Not scared, terrified » en version acoustique, avec seulement Chris Burrows et Dan Black, ainsi qu’un dernier morceau, quasiment homérique, clôtureront les ébats de la plus belle des façons.

Soirée réussie à l’Usine de Istres où ce concert The Servant restera un excellent souvenir. En attendant une suite à leur opus par ailleurs très réussi, on gardera en mémoire les frasques d’un groupe au fort potentiel attractif.