Raphael : Il y a encore peu, Zack de la Rocha quitte Rage Against The Machine et à peine le temps de se (re)passer leurs albums en boucle (histoire d'apaiser la frustation) voilà que les rescapés du navire embarquent pour l'aventure Audioslave accompagnés de l'ex-Soundgarden, Chris Cornell. Le tout mis en boîte par un certain Rick Rubin (Red Hot Chili Peppers, System of a down). Ca sent la grosse production à 10 km et un certain septicisme nous envahit quelque peu: un réchauffé de 2 groupes qui ont marqué les années 90 passé au milkshake ne satisferait aucunement nos oreilles délicates. Mais il faut bien avouer que le premier album éponyme d'Audioslave est une réussite. On retrouve évidement ce qui a fait la force de Rage à savoir une section rythmique de feu mais cette fois ci associée à la voix féline de Cornell entraînant une remise en question dans la manière de composer des titres. Les deux entités ont su adapté leur jeu pour faire ressortir les qualités de chacuns d'oû les nombreux changements de rythme permettant à la voix de Cornell d'osciller entre sensualité, déchirement et respiration. Ainsi, guitare et chant s'estompent ou explosent brusquement: des nuances qu'on avaient pas l'habitude de voir avec Rage. Tom Morello n'est jamais en panne d'inspiration et nous gratifie de quelques riffs diablement éfficaces et groovy tout en sachant faire preuve de retenue en livrant des melodies magnifiques pour laisser Cornell s'exprimer pleinement. Ainsi morceaux rock'n'roll et ballades légères se succèdent avec punch (étonnant pour des musiciens qui ont déjà bien roulé leur bosse!) constituant un album de qualité (rien de révolutionnaire mais les hits sont au rendez-vous ne vous inquiétez pas!) bien que souffrant de quelques remplissages ("Bring'em back alive", "Getaway car"). Satisfait de cette première livraison, on attend avec impatience la suite, histoire de pouvoir juger sur la durée.