Jusqu'à aujourd'hui il y avait la grande Cat power, maintenant il y aura Laura Veirs, son double, son reflet dans un miroir déformant. Mais au-delà de cette comparaison, Laura Veirs possède aussi sa personnalité propre qui lui permet de sortir un disque à la hauteur, un disque impeccable de bout en bout. Déjà, il y a cette pochette, dessin d'un homme (une femme?, Laura Veirs?) au milieu des flots qui éclaire avec sa lanterne, qui éclaire comme un phare dans la nuit étoilée, une homme qui sert de guide aux marins solitaires. Image d'un disque qui nous montre la route jusque dans les recoins les plus intimes d'une artiste à la sécheresse incroyable ("Icebound stream"). Il y a aussi ces chansons, souvent superbes ("Rapture"), toujours d'une grâce minimale et abrupte ("The cloud room"), photographies de la profondeur abyssale de son intérieur, instantanés sans fard de son âme touchante et attachante. "Carbon glacier" c'est cela, un recueil de photographies, une histoire comptée en treize étapes, en treize vignettes d'une cruelle vérité. Mais, c'est aussi un disque formidable qui creuse l'éternel sillon du folk Américain avec son lot de tristesse, de mélancolie, de désaveux. "Carbon glacier" est tout sauf de la musique en papier glacé, c'est de la musique peu encline à rigoler dont on n'attend rien d'autre que ce qu'elle donne, dont on ne désire rien d'autre que ce qu'elle nous offre. Et, elle nous offre l'essentiel à notre survit. |