De plus en plus politique, de moins en moins personnel, le hip-hop de Eminem évolue dans son propos plus que dans sa forme. C’est à la fois le bon coté mais aussi le limite de « Encore », disque qui s’écoute comme du Eminem, facile à assimiler, plus riche qu’il n’y paraît, provoquant mais jamais choquant. En fait Eminem sait jongler entre son personnage et son identité, entre le grand public et un public plus exigeant, entre l’endroit et l’envers du décor. Sur « Encore, » le hip-hop d’Eminem se veut dans la lignée de sa discographie, c’est-à-dire sans dérapage musical et avec quelques dérapages verbaux toujours en mode contrôlé. Si Eminem n’est pas grand artiste parfois décrit, s’il n’est pas non plus l’incontrôlable teigne raciste, sexiste et homophobe auquel ses détracteurs veulent le cantonner, c’est parce qu’il est avant un clown habile et mélancolique, un personnage fait et vivant par et pour le spectacle. Un spectacle qu’il fabrique. Sinon, d’un point de vue strictement musical, on a toujours à faire au même hip-hop blanc, crade, bancale avec ses passages euphorisants, un hip-hop sur lequel le flot d’Eminem vient se poser avec excellence. « Encore » ne révolutionnera rien dans la discographie d’Eminem, il est seulement une étape de plus, une étape, dans l’ensemble, bien foutue. |