Alors qu’ils auraient pu s’appeler Broadway, ils ont préféré B R oad way. Alors qu’ils auraient pu produire une électronique plaisante, harmonieuse, ils ont préféré se plonger corps et âme aux confins de cette même électronique, là où elle touche à la musique concrete. Le moins que l’on puisse dire, c’est que B R oad way ne choisit ni la simplicité, ni la facilité. A la frontière des genres, travaillant les ambiances et les architectures plus que les mélodies, capables d’aiguiser notre curiosité par d’intrigantes constructions sonores, les bidouilleurs apatrides, font de leur musique, une création hypnotique et envoûtante, qui s’offre à nous au-delà de nos espérances sensorielles. Mais pour cela, nous devons être patient, intransigeant car « 06 :06 am » n’est en rien un disque facile. Aucun risque d’avoir affaire à une putain qui se vend pour quelques pièces. Sans un vrai travail de fond, pas de risque de l’assimiler. Certains bouquins exigeants sont ainsi. Une partie de l’art plastique aussi. « 06 :06 am », objet musical difficile à identifier est de ce type d’opus dont on ne revient pas tout à fait le même, si on parvient à trouver quelques clés. Sinon il nous laisse sur le bord de la route, épuisé par trop de tentatives infructueuses. Mais surtout, il ne nous laisse jamais indifférent. |