De même que l’on a créé les victoires de la musique classique, on se devrait de créer les victoires de la musique comique, tant cette subdivision est devenue un genre à part entière dans lequel il n’est pas aisé de briller. Si les apôtres eighties de la gaudriole fredonnée n’ont pas fait dans la dentelle (Carlos, Bézu, Licence IV), la nouvelle génération, emboîtant le pas à Bénabar, semble ciseler ses textes et renouer avec une tradition de finesse qui doit sa part de respect à Boris Vian et Boby Lapointe. Anaïs est de ceux-là, avec tout ce que cela comporte de péjoratif. Car si cette fille est un phénomène, elle n’est pas autre chose. Expliquons-nous. Anaïs sait tout faire. Elle est drôle, talentueuse, belle plume, comédienne de génie, charismatique, originale, énergique, entraînante. The Cheap Show – Live in Marseille, est une synthèse de cet être démultiplié. Spectacle davantage que concert, ce disque est un rendu brut, à peine arrangé d’une performance d’un soir. Ce pari sincère du naturalisme, de l’instantané musical a déjà été relevé avec brio par des musiciens. Et c’est là que le bât blesse. Car Anaïs ne semble pas posséder l’acuité mélodique, l’appétence pour les tubes, qui lui assureraient une place de choix, entre respect et affection, sur la scène française. Reste à savoir si ces doutes , à la faveur d’un album studio, pourront s’estomper et permettre à Anaïs de convaincre sans limites, de se donner enfin en concert et plus en one-woman-show… |