Disons d’emblé, le marseillaise Keny Arkana n’est pas ‘une rappeuse mais contestataire qui fait du rap’ (« La missile suit sa lancée »). En une phrase qui frappe au milieu de centaines qui claquent avec colère et intelligence, Keny Arkana se définit, définit son hip-hop incendiaire. Chez Keny Arkana, il n’est jamais question d’espoir, ni totalement de désespoir même si règne parfois une vraie tristesse (« Le fardeau »), il s’agit d’un constat personnel et percutant comme rarement dans le hip-hop Français. Les foyers, les centres d’accueil étant au centre de l’univers de Keny Arkana (« Eh connard ») en compagnie de la misère, la solitude, la violence, la prédestination et aussi la politique (« Nettoyage au Karcher » cher au dangereux Sarkosy). Du local au global, de Marseille à l’Argentine en passant par le Mexique, du néocolonialisme à la ‘Chiraquie’, Keny Arkana place ses coups là où ça fait mal, là où tout va mal. Et comme en plus du sens et des sens, il y aussi dans ce hip-hop une richesse sonore impressionnante, des changements de rythmes, de règles et une dialectique affutée (« Je me barre »), « Entre ciment et belle étoile » est un album marquant, une déflagration peu commune dans la monde souvent pathétique (et surtout ultra libéral) du hip-hop actuel. |