L'ex leader des formidables Pulp revient en solo et…, essayons, bien que cela soit souvent difficile et vain, de jouer au jeu des comparaisons. Tout d’abord, vis-à-vis de premiers albums de Pulp, dont l’indépassable « Freaks » est le plus bel exemple, « Jarvis » est quand même moins bien, légèrement moins tordu aussi. En revanche par rapport aux disques de fin de règne, des albums qui sentaient un peu le sapin, ce premier album solo de Jarvis cocker, se révèle une excellente surprise même un peu plus d’ailleurs. L’homme-freak de Sheffield qui vit aujourd’hui en France d’ailleurs, ce saltimbanque phénomène, prince des danses transitoires, semble avoir trouvé une deuxième jeunesse faite d’un mélange d’innocence non feinte et de maturité boiteuse. Jarvis Cocker livre une poignée de titres pop-rock plus qu’agréables, souvent d’une belle envergure (« Don't let him waste your time »), toujours bancals et flamboyants à la fois. Et puis il y aussi ce coté mutant, organisme génétiquement modifié (par accident ?) et franchement touchant (« Baby's coming back to me ») comme si Jarvis en gentil monstre un peu difforme, sorte d'Edward aux mains d'argent, décidait de sortir de son trou sans faire trop de bruit, histoire ne pas effrayer les adolescents qui le connaissent peu, et voulait entrer en contact avec le reste de l'humanité. On lui répond qu’avec cette élégance maladive et toqué, on passera beaucoup de temps à ses cotés. |