Harry-D. Chabert : Pour aborder le nouvel album de Blonde redhead, deux manières nous viennent immédiatement à l’esprit. Premièrement dire que chaque album du trio américain est une nouvelle aventure sonore pleine de surprises et de sens et que chacune de ces aventures est encore plus passionnantes que les précédentes. « 23 » est un chef d’œuvre perturbant qui nous touche au plus profond. Deuxièmement dire que en plus de cette tendance très arty, cette touche intellectuelle et leurs expérimentations sonores coupantes, Blonde redhead est toujours intelligible, séduisant et capable de nous faire fondre sous un déversement d’émotions intenses. « 23 » est chef d’œuvre dual où le groupe s’exprime dans un langage singulier pour un message sur la possible grandeur universelle de la musique pop. Blonde redhead est le groupe de tous les risques, et ses albums des paris osés et toujours gagnés. « 23 » est un paroxysme, un bonheur dense, un mélange salée-sucrée, doux-amer. Il y a d’abord cette voix acidulée, aux accents orientaux, hautement perchée sur des cimes inaccessibles au commun des mortels (« Silently »). Il y a ensuite ces mélodies tordues et tortueuses dont le cheminement, obscur au premier abord, se révèle rapidement brillant (« Dr Strangeluv », « Spring and by summer fall »). Au final, « 23 » nous fait fondre comme une glace au soleil en plein mois d’août, c’est notre album préféré, magnifié, pour cette première moitié de l’année 2007. Il sera ardu de le déloger.