Si le monde entier, même le plus puriste des rockeurs, reconnaissait l’importance des Daft punk dans l’électronique comme dans la pop depuis bientôt quinze ans. Ce ne serait que Justice. Si chacun désignait les Jackson Five comme un groupe hallucinant qui, avec quelques beats en sus, une nouvelle approche de sa disco-funk au travers de machines techno house, pourrait de nouveau pervertir les dance-floors de cette fin de décennie. Ce ne serait que Justice. Enfant bâtard des ces deux parents imposants, plus un parrain très métal (le techno gothique de « Stress »), Justice a une filiation directe et claire. Ce qui l’est moins, c’est le résultat opaque, chaotique, survitaminé et surtout irrésistible. Redoutable, ce premier album sans titre (une croix comme emblème), l’est avec évidence. Attendu comme un messie de l’électronique, cet opus répond à toutes les promesses, toutes les plus folles espérances. La plupart des titres sont d’infâmes amants aimantés vers lesquels on vient se heurter encore et encore (« DVNO », « D.A.N.C.E »), avec lesquels on viendra se frotter au milieu de clubbers teigneux (« Waters of Nazareth ») et hypnotiser par tant d’imagination. Et n’allez pas croire qu’il y a derrière ce disque phénomène, seulement une hype moderne, mordante et passagère, Justice nous offre un disque tournant, une fondation sur laquelle on pourra s’appuyer encore longtemps. Justice est un groupe de croisés prêt à conquérir encore plus profondément le monde de la nuit. |