Groupe : Alain Bashung

Producteur : Non disponible

Distribution : Barclay

Année : 2008

Genre : Rock

Epaulé par une jeune garde française déjà affirmée (Gaëtan Roussel, Armand Mélies, Joseph d’Anvers) et par un ermite médiatique culte (G.Manset), Bashung revient aux affaires avec un album assez hypnotique. Certes certains titres peinent à décoller, mais la plupart du temps on se laisse littéralement envoûter par les déclamations opaques et poétiques servies par des orchestrations qui bien que complexes ne se départent jamais de leur rôle de surligneur. Bashung est capable de nous porter très haut. Il faut par exemple l’entendre chanter « comme un lego » écrit par Manset comme s’il s’était dégagé des contingences de notre monde pour voir au-delà et observer « ces êtres vivants » luttant pour s’en sortir dans un monde chaotique. Telle est l’exigence de la musique qu’il défend : nous faire entrevoir un au-delà via l’art, élever son esprit, au risque de laisser de marbre ceux qui ne veulent pas s’aventurer dans ces hauteurs mystérieuses imperméables à la raison. Et Bashung doit sûrement comprendre cela mieux que personne lorsqu’il reprend « Il voyage en solitaire » (toujours Manset) : le poète de par les sphères qu’il vise, doit s’attendre à se sentir seul sur la piste qu’il a tracée hors des sentiers battus. L’attitude de l’artiste est une attitude de défi aux normes (comme dans le rock : il n’est pas étonnant que Bashung soit fortement marqué par le rock, dans sa musique et son attitude), mais qui loin de se couper de l’autre, l’invite généreusement à le suivre sur une nouvelle route. « Il voyage en solitaire Et nul ne l’oblige à se taire Il sait ce qu’il a à faire Il chante la terre »