Encore et toujours les années 80! John Maus, c'est Bowie, Joy Division et OMD passés au mixeur. Je ne vais pas m'en plaindre, j'aime ce son là. Et puis la musique des années 80 passée au filtre des années 2000, ça sonne mieux que la musique des années 80 dans les années 80. Parce que la technologie a évolué. Et parce que tout le côté affreux de cette musique a été éliminée. Dans les années 2000, le son des années 80 est moins clinquant. Il suffit de considérer qu'on n'entend plus les horribles basses sans frets. C'est peut-être un recul pour les bassistes (jouer sans fret leur permet de se libérer du pure rôle rythmique) mais c'est une avancée pour l'art. Je disais donc : j'aime bien ce type de son. Je ne sais pas d'où ça me vient. Ça évoque certes quelques souvenirs d'enfance, mais je n'écoutais pas trop de musique enfant. Ça doit plutôt venir de mon goût esthétique pour la beauté glacée. C'est un peu comme quand on prend du plaisir à contempler un paysage enneigé. La végétation meurt, les oiseaux se cachent, les sons sont étouffés. La vie se dérobe et pourtant c'est beau. C'est la beauté triste et désolée. C'est vraiment étrange que la Nature nous ait inoculé ce goût là. J'aurais bien aimé en parler avec John Maus, il doit avoir des choses à dire là-dessus. C'est que le mec est un intello. Professeur de philosophie politique, rien que ça. C'est le versant sérieux de l'individu. La pop, c'est un peu plus léger. Voilà quelqu'un qui ne choisit pas. On peut fréquenter les clubs les plus hypes de LA et lire Alain Badiou. Belle preuve de liberté. Je parle de Badiou parce que j'ai lu que le titre de l'album avait été inspiré par un essai du philosophe où il était question d'autocensure à l'ère de la communication totale. Intéressant. Il faudrait le faire lire à tous les existentialistes qui se répandent sur Facebook. L'autocensure, ça pourrait consister à éviter d'informer la population mondiale qu'on a mangé un yaourt aux fruits rouges avant que les effets d'une gastro carabinée ne provoquent le rejet du laitage. Et avec tout ça je ne dis rien sur l'album. Mais les deux premières lignes de l'article suffisent, comme toujours. Pour le reste, il y a youtube ou Deezer. Est-ce que ça apporterait quelque chose que je parle des collaborations de John Maus avec Ariel Pink ou Animal Collective? Ou que je parle des premiers albums? Je ne connais rien de tout ça, et je n'ai guère envie de dérouler une connaissance encyclopédique de l'œuvre de John Maus. Je préfère l'intégrer dans mon monde mental (ma monade), et décrire ce monde. Remarquez qu'en faisant ça, je ne m'autocensure guère au sens de Badiou, mais je n'y peux rien, j'aime ça, c'est une expression de ma pulsion vitale. Je dois être un peu comme ce Maus qui ne peut pas s'empêcher de faire des disques. Il a dit que cet album était un échec parce qu'il rompt le silence qui est la seule nécessité. Un intello je vous dis! On n'étouffe pas comme ça la pulsion vitale. Il faut bien la recracher l'énergie interne. Le silence ne me plaît que lorsqu'il est éloquent. |
