Allah Las. En écoutant ça sans à priori, on pourrait penser qu'il s'agit d'un groupe du milieu des années 60, et on se dit que leurs chansons auraient fait bonne figure sur les compilations Nuggets. Et puis renseignement pris, on se rend compte que c'est un groupe d'aujourd'hui. Un groupe californien. La Californie nous envoie souvent des formations de ce genre nous faisant revivre musicalement l'âge d'or du garage rock américain. Je veux parler de la période 65-67, comprise entre le début de l'invasion britannique (Beatles, Rolling Stones, Who, Kinks : à l'époque, les kids américains s'arrachaient tout ce qui était anglais), et l'ère psychédélique (les formats pop explosent à la fin des années 60). Il y a quelques mois, je découvrais les Donkeys, un combo de San Diego. Ils donnaient un sacré coup de neuf au genre. Et maintenant, Allah Las, de Los Angeles. Avec un album tout aussi brillant que ceux des Donkeys. Je passais quelques jours chez mes parents pour le long week-end de la Toussaint. J'en ai profité pour écouter l'album. Dans ma chambre, j'avais le casque sur les oreilles, et je contemplais le jardin. Entre 2 averses, le soleil diffusait une lumière tirant sur le jaune-orangé, et cette lumière accentuait les contrastes. Je regardais le vert foncé de la pelouse, les teintes de vert du magnolia, le rose de la cordyline et les déclinaisons rouge-jaune des 2 liquidambars. La lumière d'automne est la plus belle que je connaisse. La musique allait bien avec cette lumière. Elle dégageait une certaine forme de chaleur. Pendant un instant j'ai peut-être ressenti ce que peut ressentir un californien quand il écoute de la musique et qu'il regarde la nature qui l'entoure. Je suis certes allé en Californie (1 semaine) mais je n'ai pas eu de chance, il pleuvait tout le temps et il faisait froid. Je n'ai donc pas pu ressentir le truc. OK, la musique d'Allah Las est une musique retro. Mais j'adore ça. J'aime leurs chansons. Je l'ai dit : n'importe laquelle aurait pu figurer sur les compiles nuggets. J'irai même plus loin en disant que je préfère écouter Allah Las ou les Donkeys que les compiles nuggets ou n'importe quel grand groupe garage de l'époque. J'aime le rock garage, et j'ai une affection particulière pour certains classiques ("You're gonna miss" de 13th Floor elevators est un des morceaux les plus excitants que je connaisse), mais en même temps je dois bien avouer que le côté vieillot du son me lasse en général assez vite. Ici on fait du neuf avec du vieux, et je trouve que ça passe bien mieux. Je n'ai aucun problème à écouter d'une traite le disque des Allah Las ou ceux des Donkeys, alors que je me sens incapable d'écouter en entier un album des Seeds, des Sonic ou des Shadows of night. J'insiste, ce ne sont pas les chansons qui sont en cause, c'est le son. Allah Las (oublions les Donkeys, je ne suis censé parler que de Allah Las) sonne bien. Il y a du souffle. Et Allah Las fait de très bonnes chansons. Il ne faut rien de plus pour mon bonheur. Je sais déjà que je vais souvent réécouter l'album de la même manière que j'ai souvent réécouté les Donkeys. Et puis je sais aussi qu'il y a un fil que je vais devoir tirer. Je suis curieux, je me suis renseigné. Derrière Allah Las, il y a un producteur, spécialisé dans ce son retro. Son nom : Nick Waterhouse. Et le monsieur fait des disques. Je vois que l'Express a qualifié son premier album de pépite au mois de juin. Et voilà comment on n'arrive jamais à finir une chronique. Non, cet article n'a pas de fin. Il ouvre sur autre chose. Vous voyez la pelote, le fil? Tirez, tirez,... |
