Au fil des disques, The shins fait preuve d’une ambition toujours plus impressionnante, constamment à la limite de la démesure. Ils déploient au mieux une envergure rare et une envie d’en découdre avec une certaine vision de la pop comme art construit pour rester éternellement dans nos mémoires et pas seulement comme instantané hédoniste destiné à disparaître aussi vite qu’il est apparu. Cette ambition se transforme souvent en exercice de style un peu vain et vaniteux sauf que chez The shins, s’il n’est jamais vain, il est plus orgueilleux que vaniteux (« Phantom limb »). « Wincing the night away » est un disque de pop faite de grandes aspirations d’air (« Girl sailor »), une pop faite pour les grands espaces emplis de délicates émotions. Du maniéré « Australia », où extravagance et acrobaties féeriques se mêlent en une douce euphorie intemporelle, à l’excellent et étrange « Spilt needles », « Wincing the night away » est un disque sans faiblesse, sans contrecoup ni baisse de tension. Comme des affranchies de la pop, The shins a fait le pari de placer la barre la plus haute possible sans tenir compte des risques encourus et à aucun moment ils ne perdent l’équilibre. |