Il y a 20 ans, The Jesus & Mary Chain déboulaient et boutaient le train de tous les groupes de garçons coiffeurs de l’époque. Face à la new wave électronique alors en vogue, l’album « pyschocandy » imposait un nouveau manifeste : la noisy pop. De vieilles ritournelles 50’s et 60’s étaient passées au broyeur dans un mur du son spectorien à base de guitares électrifiées et de larsens. Comme une sucette remplie de morceaux de verre. Les Ronettes rencontraient le Velvet de « White light white heat » et Suicide. Depuis le genre a bien fleuri. On ne compte plus les groupes qui se sont réclamés et se réclament encore de cette influence originelle : certains comme My Bloody Valentine ont même dépassé leur modèle. Aujourd’hui, à l’instar de « The Kills », The Raveonettes entretient la flamme.
Sur « lust lust lust », des airs d’americana à la feu Lee Hazlewood, des rock’n roll à la Chuck Berry ou des chansons doo-wop sont revisités dans un fracas excitant. Le couple scandinave chante mieux que les frères Reid des Jesus, les voix sont plus sucrées, plus pop, moins lancinantes et désabusées. Parfois le groupe singe son modèle (ils parlent même de Candy, qu’était-elle devenue depuis tout ce temps ? Ceci dit Candy faisait déjà chavirer le cœur de Lou Reed) mais on leur pardonne volontiers cette facilité. Ici ou là on retrouve les clochettes qui illuminaient les morceaux les plus aériens du premier Suicide. Sur le dernier morceau de l’album, l’ambiance se fait plus onirique : on croirait entendre Julie Cruise dans le générique de Twin Peaks, une Julie qui aurait troqué les arrangements minimalistes d’Angelo Badalementi contre les nappes de guitare plus abrasives de My Bloody Valentine. En 40 minutes, la messe est dite. L’album est vraiment très bien maîtrisé, à tous les niveaux : la production surpasse sans doute le travail effectué à l’époque des glorieux aïeuls qui bien que révolutionnaires, n’en n’étaient pas moins souvent bordéliques. Ici la noisy pop ressort reliftée, elle paraît plus jeune. Elle a encore de beaux jours devant elle. |