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M83
 

par Pierre Derensy (06/03/05)

 
Extrait en musique

 

 
Article par I-Muzzik

 

Cet album n’est pas un album à mettre entre toutes les mains. Il faut expertiser le produit. Labelliser en des termes novateurs un courageux concept spatial. Car ce que vous détenez avec M83 c’est une MVNI pour Musique Volante Non Identifiée. Précédé de 2 albums, ce ‘Before The Dawn Heals Us’ mélange de styles mélodiques, génère un nouvel axe pour écouter la musique. Plus proche d’un ensemble que d’une série de singles dansants, semblable à un long métrage sans extraits piochables. Ce disque est donc une réalisation d’un jeune homme plein d’idées et prêt à en découdre en France pour une tournée puis dans le monde par après.

Quelle a été l’envie première pour ce nouvel album « Before The Dawn Heals Us » ?

M83 : « Faire un album différent des deux premiers en découvrant d’autres horizons musicaux et essayer de toucher de nouvelles personnes à ma musique. Je suis plutôt fier de ce disque, c’est un projet que j’ai envie de défendre. On verra comment cela se passera en tournée.»

Ce qui est difficile dans ta musique c’est d’y apposer des mots pour la décrire ?

M83 : « Ca ne me dérange pas qu’on ait du mal à exposer mes idées et mes sons, je trouve ça même plutôt intéressant. »

Ton album a le même souffle onirique qu’un groupe comme Mercury Rev ?

M83 : « La comparaison est flatteuse. Je suis un grand fan de ce groupe. On a toujours eu ce côté là sur les deux premiers aussi. La musique que j’écoute fait référence à ce genre de truc là aussi, je pense que cela fait partie de mes influences. »

Les voix dominent cet album ? Est ce le fait d’avoir collaboré avec Alisson Goldfrapp qui t’as fait prendre conscience qu’on pouvait habiter un titre avec le seul instrument vocal ?

M83 : « J’avais vraiment envie de faire porter les voix en avant sur ce disque, c’est une longue frustration que j’ai pu assouvir. J’avais conscience que ma musique était faite pour incorporer de la voix. Je me suis lancé tout simplement dans le but de rendre le projet de plus en plus pop et accessible à tous. »

On sent que tu aimes d’une certaine façon magnifier le timbre vocal féminin ?

M83 : « Pas spécialement, ça dépend des fois. On a eu pas mal de chance de trouver Lisa Papineau qui a pu collaborer sur le disque. C’est une chanteuse américaine qui habite à Paris, j’avais besoin sur certaines chansons de cette particularité féminine pour coller au morceau. Le mélange des voix féminines et masculines fait que le produit de l’album est beaucoup plus enrichi.»

Sur l’album il y a un titre, plus exactement la piste 6 qui est très haché avec le parti pris d’utiliser le silence comme un instrument ?

M83 : « C’est un morceau qui est complément noisy et assez bruitiste coupé par des secondes de calme qui sont sensées réveiller l’auditeur pendant l’écoute (rire). C’est un titre qui fait référence à des morceaux comme peuvent le faire des groupes comme Sonic Youth. »

Ton album pourrait il être qualifié d’Opéra moderne ?

M83 : « C’est un album qui s’écoute du début jusqu’à la fin sans s’arrêter sur une plage en particulier. On a voulu raconter une histoire, l’imaginer comme un film, sans sortir une usine à singles. De toute façon ce n’est pas la place de M83, nous n’avons jamais été un groupe à tubes. Cela le sera peut être un jour mais pas maintenant en tout cas !(rire)»

Tu as utilisé beaucoup plus de « vrais » instruments, la matière organique te manquait elle

M83 : « Après avoir fait la tournée du second album j’avais envie de revenir à quelque chose de beaucoup plus acoustique. Donc on a enregistré avec un batteur, un bassiste, il y a beaucoup de guitares aussi. C’est vraiment un truc qui me manquait dont j’avais besoin pour ce disque là. Je voulais mélanger le côté électronique et l’humanité qu’on peut trouver dans des instruments acoustiques.»

Je parlais de Goldrapp juste avant, tu es aussi sur le même label au niveau international qu’eux, cela t’a t’il permis d’ouvrir des portes inaccessibles ?

M83 : « Quand on a sorti les 2 premiers albums on s’imaginait pas qu’on puisse exporter le projet au delà de l’Europe. C’est vrai que de pouvoir avoir une tournée aux USA et d’avoir un public là bas c’est quelque chose d’inespéré et d’assez inattendu, le fait d’avoir signé chez Mute y est pour beaucoup. J’avoue que c’est super d’avoir de l’écho dans des pays si éloignés de notre quotidien. »

On peut dire que le ciment fondateur de ce nouvel album c’est la séparation d’avec Nicolas qui était le deuxième membre de M83 ?

M83 : « Ce n’est pas évident quand un membre du groupe n’est plus là mais j’ai toujours eu l’habitude de composer seul. Nicolas était surtout là pour apporter ses idées sur la structure musicale. »

Quelles étaient exactement les divergences musicales qui ont conclu à cette rupture ?

M83 : « Il n’y avait pas de divergences musicales. Chacun a voulu prendre son indépendance pour composer sur son propre projet. »

Quelles ont été tes influences pour en arriver là ?

M83 : « J’ai vraiment voulu mélanger le son des années 70 avec celui des années 80 et avec des morceaux beaucoup plus modernes, plus de notre époque. Un album qui ressemble à la fois à du Pink Floyd et du Tears For Fears avec des sons de synthés beaucoup plus modernes. J’ai cherché à regrouper toutes mes influences sur ce disque là. »

Pourquoi cet univers de béton et de lumière sur la pochette ?

M83 : « C’est tellement dur de faire une pochette après celle qu’on a pu avoir sur le disque précédent qui était une pochette sublime et difficile à dépasser au niveau artistique. On voulait se tourner vers un choix plus sobre et subjectif. Faire un visuel neutre. »

Tu utilises un trio pour monter sur scène ?

M83 : « Je vais jouer avec un bassiste, un batteur et un guitariste mélangé avec des séquences enregistrées sur ordinateur. La scène est une approche différente de la musique, du travail que l’on peut faire sur un disque, c’est donc super intéressant de ce coté là. Je suis plutôt enthousiaste. »

Tu as beaucoup remixé, notamment pour Placebo et Bloc Party, Quelle est la difficulté de cet exercice ?

M83 : « J’aime bien le fait de pouvoir travailler sur des groupes avec des voix, de ne garder que la voix et de créer un morceau totalement nouveau de l’original. J’essaye de m’accaparer totalement la chanson. »

Quel est le remix dont tu es le plus fier ?

M83 : « Celui que j’ai fait pour Bloc Party ! »

Tu avais décidé de monter sur Paris au moment de ton second album, pour revenir depuis peu sur Antibes ?

M83 : « C’est à dire que c’est un métier où l’on voyage beaucoup, là on va partir 2 mois en tournée, et je suis plus tranquille dans un chez moi, proche des miens pour composer. Ca ne veut pas dire que je resterais à Antibes toute ma vie.»

Quelle est ta consommation musicale du moment ?

M83 : « Quand j’achète des disques j’essaye de trouver des albums des années 70 ou 80. des disques assez vieux. J’écoute beaucoup de vielleries et pas beaucoup de nouveautés. Des groupes allemands, des Talk-Talk, des Talking Heads. »

Pierre DERENSY