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Laetitia Shériff
 

par Pierre Derensy (20/04/04)

 
Extrait en musique

 

 
Article par I-Muzzik

 

« Codification », 1er album de Laetitia Shériff vient enfin récompenser en disque, une longue mélopée d'adjectifs qualificatifs positifs scéniques sur cette jeune chanteuse. Encore toute auréolée d'un bouche à oreille démentiel régional, elle fricote depuis peu avec le titre de « révélation féminine 2004 » all over the Rhône et la Saône. De Paris à Rennes, en passant par Strasbourg et le Printemps de Bourges, elle met tout le monde d'accord : les critiques, le public, les radios. Cette défenseuse étoilée de la veuve et de l'orphelin musical tournera bientôt sur vos planches, ne la manquez pas car elle mérite avec son groupe vos applaudissements. Rencontre lilloise pour parler de « Codification » ou comment mettre en barème un disque, qui est un disque presque parfait car l'irréprochable ne viendra qu'au suivant.


J'ai noté une phrase sur une affiche en venant te voir qui disait « Là on a pris le risque de prendre cette matière et de la mettre à l'épreuve, voir de la bousiller », ce serait pas une bonne définition de ton disque ?

Laetitia Shériff : « Quelque part bousiller c'est un peu trop fort mais essayer de cristalliser les choses pour aller très loin là oui. Sur ce disque on a essayé de tenter des choses sans toutefois aller trop loin. On a essayé de gratter ce qui existait à la base de ma carrière.

Avec un nom comme le tien j'aurais aimé savoir, si tu as toujours eu une âme de justicière ?

Laetitia Shériff : « Je ressens des injustices dans mon petit réceptacle. Dans le milieu de la musique je crois que je ne pourrais rien changer mais que les choses vont changer d'elles même. J'ai beaucoup de ressentiments par rapport aux majors, je connais des gens très doués qui se retrouvent tout le temps au stade zéro à cause du formatage des maisons de disque. Tu t'aperçois que la crise actuelle de ces grosses boites vient du fait qu'ils n'inventent plus rien. »

Tu mesures ta chance d'être dans une maison de disque à dimension humaine comme Naïve ?

Laetitia Shériff : « Tout le temps. »

En préparant cette interview, je zieutais tout ton dossier de presse, et systématiquement on parle de tes origines Lilloises, alors que pour moi ta musique n'a aucun motif à être catalogué dans ce registre régionaliste ?

Laetitia Shériff : « Je l'accepte car j'aime beaucoup cette région. Mon but c'est de faire partager ce que je fais partout. J'ai commencé dans des MJC, des petites salles perdues et s'il faut installer un lieu précis à mon nom c'est normal que ce soit ma région d'origine. »

Quand tu chantes tu sembles tellement loin du terre à terre, presque dans des évocations mystiques ?

Laetitia Shériff : « J'ai commencé à chanter très tard. La chose qui s'est passée c'est que la première fois que je chantais vraiment ce fut un soulagement mélangé à une douleur car je découvrais des choses en moi que je n'avais jamais réussi à sortir depuis mon enfance. »

On entre dans ton album doucement avec la chanson 'Rose' qui se trouve être une fleur sans épine pour aller vers cette 'Codification' plus tranchée ?

Laetitia Shériff : « Y a plein de phases cachées dans l'album qui sont à interpréter comme tu veux, comme les gens voudront en écoutant le disque. Je n'ai pas essaimé des énigmes le long du disque mais il y a une trame. Je me retenais de faire plus fort, plus dur en tout cas. J'ai l'impression d'avoir fait un CD dans un style très radical mais je me demande si j'ai vraiment été à fond. C'est la raison pour laquelle monter sur scène pour défendre ce disque va être hyper important.»

Toi qui vient justement de la scène, qu'est ce qu'elle t'apporte ?

Laetitia Shériff : « Tu te rattrapes. Tu essayes de faire passer les émotions le plus sincèrement possible. Sans regret. »

Je t'ai vu au Grand Mix de Tourcoing en première partie de Elysan Fields, tu étais seule sur scène. Qu'est ce qui change dans cet exercice périlleux d'une prestation solo de ton trio habituel ?

Laetitia Shériff : « Etre toute seule a été une étape essentielle pour moi. Je ne me serais pas jetée à l'eau sans cette escale solo. Le fait que cela ne passe que par toi sur scène tu te retrouves avec un trac phénoménal, tu dois attendre au moins 5 chansons pour être bien en face des gens. Pour ma part je suis en pseudo transe souffrance dans ces moments là. Le partage avec mes musiciens est très important aussi dorénavant que nous sommes trois sous les lumières. J'avais besoin de partager quelque chose avec le groupe « Laetitia Shériff ». »

Leur venue à tous les deux, a été primordiale pour l'album ?

Laetitia Shériff : « J'ai tellement de respect pour eux. Olivier Mellano et Gaël Desbois m'ont beaucoup apporté. Ils se mettent à ma disposition en ressentant mes chansons encore plus fortement que moi-même. Sur scène il y a une énergie commune qui dépasse toutes mes espérances. Leur groupe qui s'appelle 'Mobill' verra peut être notre avenir diverger mais tout ce qui se passe actuellement c'est du bonus merveilleux. »

Ne trouves tu pas dommage que leur travail soit étouffé dans l'ouf par manque de place pour cette chanson française ?

Laetitia Shériff : « C'est totalement aberrant, ce groupe marche du feu de dieu en Espagne alors qu'ici, avec les quotas de chanson française qui devrait simplifier leur diffusion, il leur a fallu 2 ans pour sortir le disque.»

Alors pourquoi toi et pas eux ?

Laetitia Shériff : « Peut être parce que je suis une fille, que je suis de Lille. J'ai l'impression qu'il n'y a pas de loi dans ce milieu. C'est un peu quitte ou double. Tu plais ou tu plais pas. »

Pourrais tu me parler de Yeats, l'auteur qui t'as façonné en quelque sorte ?

Laetitia Shériff : « Il est le déclencheur. Une découverte de ses textes qui bizarrement m'ont donné envie de chanter. »

Chanter d'ailleurs des mots de quelqu'un d'autre pour y mettre toute ton intimité propre ce ne fut pas trop compliqué ?

Laetitia Shériff : « La chose essentielle chez cet auteur c'est qu'il fait parler les femmes. Avec une force incroyable. C'est quelqu'un que je découvre encore maintenant. Yeats a passé toute sa vie dans une souffrance émotionnelle intense. Il est mort fin des années 30 et quasiment un demi-siècle après j'en étais touché fortement. Je crois que Yeats a été un médium hyper important pour moi. Sur ce que je suis, sur ce que je vais devenir.»

Prendre d'autres auteurs pour faire des chansons y a tu déjà songé ?

Laetitia Shériff : « Il m'est arrivé de faire des improvisations avec Kerouac ou Burroughs mais jamais de la même manière que Yeats. J'aime aussi l'idée de peaufiner mes interprétations de cet auteur. Pour connaître quelqu'un à fond il faut passer du temps avec lui.»

Chanter en anglais est il plus simple pour une fille quand fatalement on fini par la comparer à PJ Harvey ?

Laetitia Shériff : « Je me suis attelé à l'écriture en anglais encore une fois grâce à Yeats. J'écris en français mais dans une démarche particulière. Cela ne correspond pas à des chansons proprement dites. Pour chanter en français il faudra m'en donner l'envie. Avis aux amateurs. »

Dans tes paroles, tu utilises la répétition de mots pour leur donner un impact plus important ?

Laetitia Shériff : « J'aime la phrase qui revient régulièrement pour cadrer le tout. C'est une sorte de refrain inconscient. »

On connaît l'importance de l'image en musique, ce qui est paradoxal et pour « Codification » vous avez confié la pochette à Tonio Marinescu qui est un dessin ?

Laetitia Shériff : « Il a un trait de crayon magique. Je voulais quelque chose de très organique. Très codé. D'intriguant. »

Sais tu ce qui se passe le 22 Avril ?

Laetitia Shériff : « Le printemps de Bourges ! »

La date importante par excellence ?

Laetitia Shériff : « Cette date n'est pas importante pour moi. C'est pas qu'elle est pas importante c'est qu'elle n'est pas plus importante qu'une autre.»

Par contre, ce qui doit te faire plaisir c'est de partager la scène avec Jeanne Balibar ?

Laetitia Shériff : « Je suis hyper étonnée de ce qu'a pu faire Jeanne Balibar. On a souvent le cliché de l'actrice qui se met à chanter quelques couplets et là Jeanne a dégagé tout ça en s'entourant de gens qui l'aiment et lui servent un beau projet qu'elle magnifie encore plus. »

Comme nous venons tous les deux de Lille, j'aimerais que tu me dises quelle est la meilleur salle de concert dans la métropole lilloise pour toi ?

Laetitia Shériff : « Ha ! (elle réfléchit) Le Grand Mix et la Malterie."