Il est des songwriters à part, des auteurs généreux et sobres qui, s’il le désirait, pourrait défouler les foules avec un groupe électriquement ou numériquement mieux armé et des chansons plus immédiates. Préférant la classe à la facilité, le charme durable aux hymnes jetables, Piers Faccini célèbre, sur « Leave no trace », un grand premier album, l’art de l’écriture, la douceur de l’art, la beauté de l’ensemble et la plénitude des sens, l’éclectisme éparse. Toutes ces qualités ne signifient pas que l’on fait face à un de ces disques ternes, sur lequel le romantisme triste est parfois une couche de peinture sur un mur abîmé, pas toujours bien construit. Au contraire, « Leave no trace » ne laisse aucune place à la gravité mais plutôt à une joie douce et sincère, une euphorie sucrée qui s’en dégage pour mieux nous surprendre et nous émouvoir. C’est une sorte d’absolue qui doit autant au folk, qu’à la pop mais surtout au blues primitif, musique originelle ici. Piers Faccini est tout simplement un songwriter exceptionnel qui nous touche, auteur d’un disque pas banal, qui pourrait bien devenir immense s’il parvient à s’inscrire sur la durée d’une carrière qui lui tend les bras. |