A ceux qui aiment le hip-hop (et la musique en général) pour son inventivité, pour sa recherche formelle et sonore, jetez vous immédiatement sur le deuxième album du collectif Français TTC vous n’en reviendrez pas ? Plus mutant que vraiment batard, le hip-hop de TTC est une (é)preuve du potentiel d’une musique trop souvent résumée à sa face la plus terne, qu’elle soit accompagnée d’une vilaine violence forcée ou d’un sirop sirupeux. Sur « Batards sensibles », c’est tout le contraire. C’est un jeu permanent sur l’architecture musicale, sur les sons, un jeu sérieux de stratèges où l’on prend son pied à la recherche de la meilleure tactique pour piéger l’adversaire (« Ebisu rendez-vous »). Et les membres de TTC ont une stratégie incomparable, un doigté phénoménal pour nous entraîner sur leur terrain préféré celui de la chamaillerie ludique plus que de la guerre. « Batards sensibles » est un disque halluciné (« J'ai pas sommeil », « Latest dance craze ») et hallucinant (« Catalogue »), où TTC déploie toutes ses armes cotonneuses. C’est un grand disque, non pas de hip-hop Français, mais de musique tout court. De musique tout court, de musique électronique (« Girlfriend », « Meet the new boss »), contemporaine plus exactement où le numérique est plus qu’une facilité d’action pour des non musiciens mais une véritable matière première qu’il faut travailler et retravailler sans cesse, pour arriver à l’exact point de rencontre entre expérimentation, séduction, refondation et subduction des différentes plaques musicales (« Dans le club »). Point de rencontre singulier et rare où TTC a élu domicile avec ce disque exceptionnel. |