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What the toll tells
 

Fiche technique

Groupe : Two gallants

Producteur : Non disponible

Distribution : Saddle creek

Année : 2006

Genre : Rock folk

Autres albums :  

 

Chronique i-muzzik.net ( Harry )

 

Groupe de folk électrique et hétéroclite, sorte de Violent femmes du XXIeme siècle, Two Gallants ne peut laisser personne indifférent. Que l’on aime ou pas, le duo Américain agit toujours au plus profond. Soit groupe héroïque ou looser pas vraiment magnifique, selon le regard que l’on porte sur eux, il y a dans « What the toll tells » une série de paradoxes enfouies dans chacun de leur morceaux (« Las cruces jails »). Ces paradoxes qui font selon les couplets (ou l'humeur) dériver Two gallants vers un folk antique ou vers un heavy plutot ringard. C'est selon le temps et l'envie, selon notre humeur et notre patience du moment. Les morceaux qui se succèdent sur leur deuxième album « What the toll tells » sont en fait tout simplement plus ou moins réussis. Souvent séduisants et agréables (« Steady rollin »), parfois géniaux, à d'autres plus banals, ces morceaux souvent inaboutis et bancals sont comme la vie elle-même c'est-à-dire constamment à la recherche d’un équilibre toujours introuvable. En bon funambule qu’ils sont, Two gallants tire tout de même son épingle du jeu avec une certaine classe hippie et un bonheur que l’on partage à l’occasion. Et si nous restons un peu sur notre faim, c’est surtout que nous avons l’impression que Two gallants à louper le coche pour devenir un groupe incontournable.

 
Extrait de l'album
 
 

Chroniques des Internautes

 

Adrien Lozachmeur : « Two Gallants » est une nouvelle de James Joyce et pourtant les 2 larrons de 2 Gallants ne sont pas irlandais et ne sonnent pas du tout comme les Chieftains, les Pogues ou les Waterboys. Ils viennent de San Fransisco et ne s’adonnent pas pour autant au psychédélisme souvent associé à la ville du flower power. En fait on jurerait qu’ils viennent de l’Alabama, de la Georgie ou d’un autre état du Sud des Etats-Unis. Leur musique est américaine jusqu’à l’os : elle revisite avec grâce et fougue les racines blues, folk ou country de l’Amérique comme l’ont fait les White Stripes, les Black Keys ou les 22-20s ces dernières années. Et le résultat est fabuleux ! Ce disque peut s’écouter en boucle sans problème. La maturité de ces jeunes gars est impressionnante. Ca commence comme une bande son d’Ennio Morricone (« Las Cruces Jail ») : le vent dans la plaine, un sifflement au lointain et puis ça embraye au ¼ de tour sur un titre très enlevé, du folk sous amphétamines qui fait penser aux dérèglements du Gun Club au début des années 80. Par la suite, les chansons jouent aux montagnes russes. Certains passages sont très lents, très mélancoliques, la dépression guette : On se dit que Will Oldham s’est trouvé un nouveau pseudo ou alors que le fantôme de Townes Van Zandt est revenu nous hanter. Et puis de brusques accélérations de rythme viennent déchirer le paysage sonore : ça joue vite, ça gueule à s’en déchirer la trachée. Parfois, bercé par la mélancolie du morceau, on ne voit pas venir l’orage et croyez moi ça surprend ! Cardiaques s’abstenir. Si le rythme connaît des fractures assez importantes, les textes eux sont plutôt uniformément noirs, même sur les titres les plus enlevés. Il y est question de mort, de désespoir, d’enfermement, de solitude, de Dieu et d’enfer dans une veine poétique et littéraire. L’allusion à Joyce témoigne suffisamment de l’intérêt que doivent porter ces messieurs à la chose écrite. La palme du meilleur titre revient à « Threnody in minor B » (lamentations en Si mineur) : il indique assez bien le ton général. Les thèmes sont à l’avenant et renvoient constamment à l’imagerie sombre et violente liée aux mythes de l’ouest américain.Ca pourrait être la bande son idéale des westerns nihilistes de Peckinpah avec leur lot de déserts, de cactus, d’ alcools frelatés, de règlements de compte et de femmes de petite vertu. L’esprit des romans de Faulkner n’est pas très loin. Ainsi « Las Cruces Jail », monologue intérieur d’un jeune criminel qui va être pendu, « Steady rollin’ » (mon titre favori) ou la cavale sans issue d’un type poursuivi. Il est ralenti par sa copine alors il s’en débarrasse. « I shot my wife today Dropped her body in the Frisco Bay I had no choice it was the only way Death coming, I’m still running” (J’ai buté ma femme aujourd’hui Laissé son corps dans la baie de Frisco Je n’avais pas le choix c’était le seul moyen La mort se rapproche je continue à courir). Ca fait évidemment penser à “Hey Joe”ou à des chansons comme « Jack on fire » du Gun Club. Le rock a toujours aimé les morts violentes. Les sentiments de solitude et de désespoir sont omniprésents. Sur « Prodigal son » , le désenchantement est total: « I don’t need nobody – Nobody needs me » (Je n’ai besoin de personne – Personne n’a besoin de moi) et l’espoir lié à la foi est évacué en quelques mots “I’ve tasted your grace, placed it back on the shelf » (J’ai goûté à ta grâce, je l’ai replacée sur l’étagère). Sur « Long summer day » le point de vue est celui d’un pauvre noir qui n’est pas loin du pétage de plombs. On imagine le Sud , ses grandes plantations de cotons et en corollaire la tension raciale. “The summer day makes a white man lazy. But the summer day makes a nigga’ feel crazy” (L’été rend l’homme blanc paresseux. Mais l’été, le nègre se sent devenir dingue) Si une large place est accordée à la vision mythique de l’Amérique des outlaws, les 2 Gallants n’en n’oublient pas la situation actuelle : ils brocardent finement la politique de leur pays sur la chanson “Waves of grain” qui clôt l’album « who has betrayed the deceased ? Such an infamous freedom, such a militant peace” (qui a trahi les morts? Une telle liberté infâme, une telle paix militante) et plus loin l’allusion à l’exploitation du terrorisme est à peine voilée. “Your vision is clear while you blind your own kind behind a curtain of fear” (Ta vision est claire tandis que tu aveugles tes prochains derrière un rideau de peur). C’est écrit avec les tripes, joué avec les tripes, chanté avec les tripes. Si vous cherchez un exutoire à l’affadissement quotidien de votre perception du monde, procurez vous cette galette, pour le bien de votre psyché, pour le bien de votre âme, pour ne pas commettre l’irrémédiable tout simplement.

 

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