Sarabeth Tucek n'est pas tout à fait une inconnue pour moi. Elle faisait les chœurs sur le "Supper" de (Smog). Elle apportait une forme de grâce en contrepoint des tourments de Bill Callahan. Et puis j'avais eu l'occasion d'écouter quelques chansons de cette fille. Ça me plaisait mais je n'avais pas approfondi le sujet. Ce "Get Well soon" en fournissait donc l'occasion. C'est le genre de musique que j'affectionne particulièrement. L'élément essentiel est présent, à savoir de bonnes compositions. Il faut se forcer pour chercher la faille. Tout juste pourrais-je pointer du doigt les accents un peu racoleurs de "State I Am In", le genre de chanson calibrée pour faire un tube. Mais ça serait faire la fine bouche. Non, vraiment, il n'y a pas grand chose à jeter. Les mélodies sont servies par une voix impeccable, une rythmique d'enfer, et une production équilibrée. La voix : aérienne. Comme chez Alela Diane. Elle atteint parfois les contrées diaphanes de Marissa Nadler. La rythmique : simple, folk sur pas mal de chansons, mais organique, foudroyante sur d'autres. C'est surtout ce versant très rock'n roll qui démarque "Get Well Soon" de toute la production folk habituelle. Elle rend le disque excitant. On a un peu ça chez Jesse Sykes ou Songs Ohia/Magnolia Electric Co, et si on remonte plus loin on pense au chaud-froid des œuvres de Neil Young. Le mélange atteint l'équilibre parfait. Les dyades se fondent comme des amants : ciel/terre,énergie/grâce,puissance/douceur. "Get Well Soon", c'est ça : un mariage réussi une dialectique ayant atteint son objectif. Je l'ai beaucoup écouté. Parfois je réécoute simplement la chanson qui clôt l'album : "Get Well Soon". Ce titre là n'est pas très rock, mais il est quand même sublime. Ça vaut bien Cat Power. Quel plaisir de ressentir ce frisson esthétique et métaphysique qui remonte l'échine, et la buée sur les yeux! C'est comme une drogue. On recherche sans cesse ce frisson via de nouvelles écoutes. C'est une boucle, un rituel, comme si le sort du monde en dépendait. Il n'y a pas d'innovation, juste ce recommencement, faisant abstraction du temps. Il y a un disque d'Emmylou Harris au nom extraordinaire : « Pieces of the sky ». Et bien voilà, « Get Well Soon », c'est un autre morceau du ciel, un petit goût de paradis, une miette de bonheur éternel. |