Il y a des artistes qui gazouillent pour ne rien dire, il y a les rapides du studio qui programment tous les ans leurs maquettes sans originalité. La majorité du lot est donc plutôt dans un plan marketing avec directeur artistique en grand mentor, par contre : il y a ceux qui n'en font qu'à leurs têtes, ceux qui repèrent leurs tubes en flânant dans une prairie remplie d'herbes vertes. Les bulleurs infatigable qui travaillent en dormant, Vanessa Paradis fait partie de ces gens là. Elle guette, elle cueille dans l'air du temps des mélodies, des paroles, des collaborateurs, se payant le luxe de se faire attendre sans décevoir. Car Paradis on lui donnerait le bon dieu sans confession dès qu'elle butine, sachant indubitablement qu'elle amorce sans hameçons pour pêcher des étoiles sur le front de donateurs amis qui se mettraient en quatre pour rapporter un sourire de cette a(na)tomique icône.
20 ans de carrière, du rejet, de la passion, des albums ou la muse impose avec douceur sa patte à ses pygmalions quel qu'ils soient, qui impose également le respect en prouvant que ceux qui ne sont pas dans le tourbillon de Voici mais dans celui de la vie peuvent exister et s'envoyer au 7ème ciel sans que le grand public le sache. Le petit oiseau a fait son nid (quelques films, des collaborations musicales et 2 bébés) et prend 7 ans pour sortir un «Divinidylle» qui porte bien son nom. Ce disque a tout pour plaire : Vanessa bien sur, des musiciens de grandes qualités comme : M, Albin de la Simone, Vincent Ségal, etc. (à noter que cette bande de laborantins suivra la belle en tournée) et quelques plumes au rayon textes comme Marcel Kanché (qui trouve en Paradis un palliatif à son enfer), Jean Fauque, Franck Monnet ou Brigitte Fontaine.
Classieux au dedans et au dehors (un coffret magnifique), dans la continuité d'une carrière qui affine au fil des disques sa voix, ce point dit par certains «faible» elle en fait un atout majeur en enrobant ses chansons d'une musique mesurée. à sa pointure.
Utilisant un scalpel d' une précision chirurgicale rock-pop, frappant l'épiderme via « Dès que j'te Vois » ou « Irrésistiblement », elle s'arrache au mouvement chronique de la facilité et se pose mélancolique dans « Les Revenants » ou « Junior Suite ». Comme si cette femme en quelques tempos bien léchés pouvait passer d'un sourire en coin d'ange à une tristesse pudique cachée dans la doublure de sa robe à carreau. Prenant autant de plaisir à soulever un kilo de plumes ou un kilo de plomb mais toujours en tapant dans les mains. C'est selon l'humeur, c'est selon l'air du temps. Nous quel que soit l'option on est comblé. |