Une comédie musicale pop-rock
Accompagné de cinq musiciens (un clavier, une guitare, une basse, une batterie plus un saxophone), l’ami de toujours Adam Green va nous toucher avec ses comptines jazzy, swing, pop, boogy mais toujours formidablement agréables à écouter, et cela même si la scène ne les met pas obligatoirement en valeur.
Mi crooner allumé, mi popstar sous médiatisée, l’Américain enchaîne quelques uns de ses joyeux d’écriture, quelques unes de ses perles mélodiques les plus précieuses (« Gemstones », « Nat king cole », « Carolina »). Avec sa voix grave, porteuse d’émotions universelles, il ajoute du mystère au mystère des architectures picturales hors de sentiers battus du moment. Avec Adam Green nous sommes projetés à la fois dans les années 40, les années 60, les années 80 et les années 2000.
Mi comédie musicale, mi popsongs lumineuses, les titres du toujours souriants (effet naturel ou produit quelconque ?) Adam Green, sont d’agréables moments de légèreté, de jolies friandises plus riches qu’elles pourraient paraître au premier abord (« Friend of mine »).
A mesure que le set avance, le groupe durcit son jeu, s’électrifie et le théâtre romain de Fourvière va se laisser séduire et bercé par l’ex songwriter lo-fi ou anti-folk, auteur des torch-songs minimales des Moldy peaches devenu auteur ambitieux et singulier. Et les quelques douceurs acidulées (« Carolina ») mise en exergue sont de bienvenues plages de repos offertes par un artiste cultivé même si parfois un peu gauche. Et quand il demeure seul avec sa guitare sur une scène un peu trop grande pour lui, Adam Green joue d’impeccables comptines adaptées à la nuit tombante sur le théâtre antique.
Au final, Adam Green sur scène comme sur disque, est un vrai plaisir jusqu’à ce que démarre la bombe « Dance with me », chanson phénomène, chanson mutante, sur laquelle nous danserions toute la nuit, les yeux dans les étoiles. Strokes ou pas, après.
Du rock’n’roll, du vrai.
Après le clown aérien Adam Green, arrivent enfin les ex. clowns hautains (à leur début) devenus depuis un irrésistible groupe sur scène capable de communiquer avec le public, capable aussi d’intervenir afin que le pitoyable service d’ordre ne calme pas trop violemment un gamin monté sur scène.
Dès le début du concert, la machine à tubes rock’n’roll New-Yorkaise enchaine les morceaux dévastateurs comme d’autres enfileraient des morceaux poussifs. Immédiatement il saute aux yeux que les Strokes ont mûri, que les concerts sont devenus bien meilleurs. Tout de noir vêtu, au style très New-york, ils nous offrent un feu d’artifices dont peu de groupes sont capables. Il est vrai qu’avec des morceaux aussi efficaces et universels, aussi intemporels qui dans l’air du temps tel que « The modern age », « This end has no end » ou « Heart in a cage », leur travail studio facilite la réussite des concerts.
The strokes est un groupe de rock. The strokes est définitivement le groupe de rock’n’roll des années 2000. Avec toute sa splendeur et sa décadence, avec toute son incandescence et son indécence, tout son chaos maîtrisé à la perfection, avec ses ratés sans conséquence. Il faut dire qu’en alignant une majorité de titres du premier album, The strokes fait dans la séduction et l’instantanée.
Et puis les Strokes, c’est vraiment la classe. Une classe largement supérieure à tous les autres groupes réunis. Chacun du mouvement, chaque riff, chaque roulement de batterie résonne comme une évidence. Ses titres qui semblent signifier qu’avant eux, il n’y avait rien et qu’après il n’y aura rien d’autres alors que, rationnellement, ils s’inscrivent dans l’illustre histoire d’une ville mythique dont le nom sonne comme une apologie à la rébellion par le rock’n’roll (« Last nite », « New york city cops », « Reptilia » et plus récemment « Juice box »).
Après une grosse heure de luminosité crade et perverse, les Stokes reviendront pour un rappel de trois titres dans une euphorie générale. Le final étant réservé à l’habituel « Take it or leave it » joué tambour battant, et dans un feu d’artifice sonores comme rarement vue ces dernières années. A voir les Strokes, les Artic monkeys ont encore un long chemin à parcourir avant d’atteindre ce statut si prisé de star du rock, un statut auquel seuls quelques groupes peuvent prétendre : les immenses Radiohead, Bjork et PJ Harvey ne sont pas des stars de rock, trop christiques pour cela, les Strokes si. |