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Françoiz Breut et Vingt à Trente Mille Jours
 

par MoulineX (02/07/01)

 
Extrait en musique

 

 
Article par I-Muzzik

 

Je vais mettre d'emblée mes lecteurs au courant : je suis absolument accroc de cet album depuis plus de six mois. Il est devenu mon album de chevet durant tout ce doux hiver et ce chaud printemps, mais de manière progressive. Jamais il n'a eu l'impolitesse de brusquer mon esprit. il s'est infiltré en moi tout doucement, pour finalement en faire complètement partie. Je ne vous cache que je vais donc avoir du mal à rester objectif; Ou plutôt non ! Je vais prendre le contre-pied de l'objectivité pour vous décrire le dernier Françoiz Breut comme je le vis. Parce que oui cet album est vivant. Tout comme l'oeuvre de Björk semble organique, mais à la différence près que Björk est une plante magnifique et qui semble posséder un arbre génétique complexe, mais issue d'une seule et unique racine née en Islande. « Vingt à Trente Mille Jours » est vivant, mais Françoiz Breut est ici une plante toute simple (et cependant très jolie), pourvue d'une voix chaude et cristalline à la fois. Elle s'est cependant vue complétée de boutures, hybridée, enjolivée de nombreux croisements, tous témoins du travail des hommes (et ils sont nombreux ces hommes !). Au final, la plante en reste authentique, mais beaucoup plus colorée que dans son album précedent. Pour ceux qui ne connaissent pas encore Françoiz, je vous en fait une rapide présentation : celle ci a commencé ses études à Nantes pour suivre les cours des Beaux Arts. On lui découvre alors un don pour le dessin. En 1990, elle rencontre Dominique A, qui lui donnera un enfant, mais auparavant il l'encourage à chanter, et à l'accompagner dans ses disques. En 1997, elle se lance et sort son premier album, simplement intitulé « Francoiz Breut », qui restera relativement méconnu, malgré des éditions en Angleterre et en Espagne. Puis, en 1999, est ébauché le projet de l'album vedette de cet article. C'est là que Françoiz invite ses connaissances à la rejoindre dans le projet. Répondront présent Philippe Katerine, Jérôme Minière, Philippe Poirier et bien sûr, Dominique A. Par la suite se joindront au projet des artistes comme Yann Tiersen, Gaëtan (bassiste des Little Rabbits) et Joey Burns (Calexico), pour les plus connus. Comme si cela ne suffisait pas, Françoiz va opter pour enregistrer son album en Espagne, en partie parce qu'elle tient à ne pas rendre « Vingt à Trente Mille Jours » aussi monocorde que son précédent. Le résultat est à la hauteur de ses espérances, (et, je dois l'avouer, au moins sept ciels au-dessus des miennes) tellement les protagonistes ont laissé une trace indélébile au final. Chaque chanson a sa raison d'être, sa particularité, son âme. La voix de Françoiz joue le rôle de fil conducteur, mais un fil élastique, qui ne rompt jamais et ne fait que s'allonger ou se rétracter, en fonction du rôle qu'elle joue dans les diverses chansons. Elle est d'ailleurs immédiatement mise à l'épreuve dans le premier morceau, un chef d'oeuvre signé Philippe Poirier. Elle sera donc pour commencer calme, languissante, au milieu d'un rythme de guitare et vite rejoint par des violons, qui emplissent aussitôt l'espace de ces mélodies qui apaisent. Mais les violons finissent par prendre une intensité lancinante, avec ce désir de ne plus jamais cesser de monter, comme pour faire éclater nos poumons. On se prend au jeu avec plaisir, et le morceau se termine finalement par un retrait progressif des cordes, qui nous laisse interdit. Mais de toute façon, pas le temps de s'attarder, l'orchestre symphonique de Budapest, qui ouvrait pour la première, ouvre aussi pour la seconde, une chanson d'amour sur le déclin. La voix de Françoiz colle à la peau de cette chanson, et c'est d'ailleurs celle ci qu'elle choisit d'illustrer d'une façon très originale avec un clip en Flash 5, dispo sur www.labels.tm.fr. Puis on fait place à un Dominique A à l'aise dans son style avec un morceau posé, lourd et calme, contrastant avec des paroles angoissantes à souhait. Françoiz utilise ici une voix saccadée pour symboliser ici un amour éphémère et boiteux. La suivante aussi est de Dominique, on y retrouve aussi toute cette fièvre voilée par une mélodie calme et traînante, comme un bateau qui rentre au port sans vouloir y parvenir. Philippe Katerine apporte un peu de fraîcheur avec « L'origine du Monde » (tout un programme), chanson gaie, enlevée et endiablée par Françoiz, qui semble avoir du mal à garder son sérieux face au bonhomme parisien, résolument désinvolte. Ensuite, « Vingt à trente Mille Jours » semble finir la première partie de cet album, avec un morceau prenant, qui nous transporte sans vouloir nous lâcher ; il ne laisse la part belle à l'introspection qu'une fois fini, et cette fois les paroles se digèrent beaucoup moins facilement que la musique.Se suivent et ne se ressemblent pas d'autres morceaux, sur lesquels je me serais fait une joie de m'étendre, et qui parlent tour à tour d'amours déchus, d'amours renaissants et d'amours absents, tous narrés dans les moindres détails. Puis on assiste à une apologie de la nuit (« L'heure Bleue », une chanson murmurante, ressourçante, je l'adore celle là). Un deuxième fil conducteur à dénoter apparaît dans les trois dernières chansons, en la personne de Yann Tiersen, dont on reconnaît la « patte », et qui semble avoir trouver une voie parallèle, en collaborant avec Dominique et Françoiz.(cf. mon article sur yann Tiersen) Voilà, je m'en doutais, je n'ai pas pu rester synthétique en parlant de cet album, et il m'a même fallu abréger. Mais comment faire quand la voix d'une femme emplit un petit coeur comme le mien, le faisant résonner, se rétracter, puis exploser ; pour enfin circuler dans mes artères, et réchauffer tous mes membres, comme elle sait si bien le faire depuis six mois déjà.