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Yo La Tengo (Paris)
 

par Adrien Lozachmeur (03/12/09)

 
Extrait en musique

 

 
Article par I-Muzzik

 

Il y a quelques semaines, un ami m’a dit : « si on savait jouer d’un instrument et si on montait un groupe, je pense qu’on voudrait ressembler à Yo La Tengo ». Je ne pouvais qu’acquiescer. Il est très facile de s’identifier à ce groupe. D’abord, les 2 leaders, Ira Kaplan (voix, guitare, clavier) et Georgia Hubley (voix, batterie) n’ont rien de rock stars. Ils ressemblent à des individus ordinaires. Ensuite, il y a le fait que leur musique laisse transparaître des goûts en résonance avec mes obsessions personnelles : Lou Reed, les Seeds, le Dream Syndicate, et en général tout ce qui dérive du Velvet. Yo La Tengo donc : le plus grand groupe méconnu de l’histoire du rock. Et pourtant ils mériteraient une place au panthéon, pas loin de leur influence new-yorkaise, entre Sonic Youth et Belle & Sébastian. Ils ont en commun avec ces derniers une volonté de réappropriation du versant doux du Velvet. Quand Hubley chante, on croirait entendre les ballades de Moe Tucker ( à la « Sticking With You »). Quant au point commun avec Sonic Youth, il vient du fait que toutes les belles mélodies pop du groupe sont systématiquement déstructurées à coups de larsens. Ca c’est l’influence Kaplan, l’élément rock du duo. Lorsqu’il s’amuse avec sa guitare et ses amplis, il ressemble à Thurston Moore. Lorsqu’il fait la même chose au clavier, maltraitant les touches ou plaquant furieusement ses notes, il a quelque chose d’un Jerry Lee Lewis indé. La grande différence avec Sonic Youth est que les mélodies de base sont plus pop, ce qui personnellement me plaît plus, parce que je ne ressens jamais ce sentiment d’épuisement qui peut me saisir au bout de quelques morceaux d’un album de Sonic Youth (Daydream Nation par exemple).
En tout cas au Bataclan, il n’a fallu que 5 minutes à Yo La Tengo pour s’imposer, le temps d’une ballade un peu tiède chantée par une Georgia Hubley à la voix mal assurée. Dès le 3ème morceau, sur 15 bonnes minutes de mélodie bruitiste, le public était hypnotisé, fasciné. La jouissance était totale, j’en avais presque les larmes aux yeux. Et les morceaux alternaient, entre ballades tendance « Fakebook » (l’album le plus connu du groupe, souvent cité dans les classements des meilleurs albums de l’histoire du rock) et chansons plus noisy pop dans la lignée de leur chef d’œuvre « Painful » (un must, pour moi plus excitant que « Fakebook »). J’aurais bien eu envie de sauter partout, mais bon le public semblait plus composé d’individus esseulés savourant solitairement un trip céleste que de keupons excités venus pour en découdre, ce qui pour un groupe comme ça n’est guère étonnant.
Evidemment à la fin on en redemandait. Pour prix du soutien sans faille de la foule, on eut le droit à 2 rappels avec 2 moments d’anthologie. Un « Nuclear War » angoissant et ironique, avec Kaplan en Randy Newman irrévérencieux. Et surtout une reprise d’un titre ENORME des Seeds, une des plus grandes chansons de l’histoire, une des plus incroyables odyssées rock dans l’univers du désir : « I can’t seem to make you mine ». Un bien bel hommage pour Sky Saxon qui a tiré sa révérence il y a quelques mois. Et un bien beau cadeau pour votre serviteur. C’est Noël avant l’heure. Il était difficile de dormir après ça. Difficile de bosser, difficile d’atterrir. Voilà un concert dont je me souviendrai longtemps. Vive le bruit, vive la distorsion !