Au milieu des années 80, les charts sont trustés par Madonna, Michael Jackson ou Prince. L’heure est aux synthés. On a beaucoup de mal à réécouter aujourd’hui les sons numériques sans âme de l’époque. La musique était à l’image de la décennie : branchée, clinique, aseptisée, superficielle.
Mais il y avait des exceptions. 1985 : les Jesus & Mary Chain cassent la barraque avec un son saturé tout en distorsions. Leur truc c’était de revisiter des mélodies pop en les noyant dans le fuzz et le larsen, comme si les Ronettes rencontraient le Velvet Underground de « White Light White Heat ». D’autres (Spacemen 3, Swell Maps) faisaient la même chose au même moment mais les J&MC eurent en plus pour eux le fait d’être médiatiques. La presse toujours en quête de catégories qualifia ce nouveau son de noisy pop. Le genre fit des émules. A la fin des années 80, My Bloody Valentine était le fer de lance du mouvement. Des J&MC leur musique gardait le côté organique et bruitiste mais elle évolua peu à peu vers des strates beaucoup plus éthérées, avec des nappes contemplatives de guitares et des voix évanescentes. Le point d’orgue du style fut atteint par l’album « Loveless » (1991) qui ressemble à un rêve éveillé. Derrière il y avait toute une palanquée de groupes apportant leur propre pierre à l’édifice : Ride, Curve, Pale Saints, Lush, Cranes, House of Love. Des groupes plus ou moins excitants qui marchaient bien en Angleterre. C’était l’époque où certains de ces groupes ouvraient pour The Cure, période Wish tour, c’était avant que Nirvana et tous les groupes grunges infléchissent l’approche musicale des labels qui se mirent alors à laisser tomber toute cette scène qui tout d’un coup ne vendait plus de disques. Slowdive est hélas arrivé trop tard car lorsque leur premier album sortit en 1991 chez Creation, c’était déjà foutu. On était entre le triomphe du grunge et l’essor de la britpop. Les amateurs de rock ne semblaient plus très friands de noisy pop. Et pourtant, c’était un groupe magnifique mené par un compositeur supérieur à la moyenne : Neil Halstead. Et puis le couple vocal qu’il formait avec Rachel Goswell fonctionnait à merveille. Le premier album « Just for a day » est assez atmosphérique et il se réécoute vraiment très bien. Le chef d’œuvre c’est « Souvlaki » sorti plus tard en 1993. Il marqua les esprits des fans de rock indé mais il fut peu défendu par Creation plus occupé à gérer les petits cons d’Oasis. « Souvlaki » trouve le parfait équilibre entre atmosphères et chansons. C’est un bijou qui n’a pas pris une ride, un sommet insurpassable de noisy pop et plus que ça. Toutes les chansons auraient été des tubes dans un monde idéal. Les gens de goût surent reconnaître Slowdive. Ainsi Brian Eno participa à la production de « Souvlaki ». Juste retour de bâton car l’empreinte du maître est perceptible et la ballade « Here she comes » est même du pur Brian Eno. Un troisième album encore plus atmoshérique, plus minimaliste, encore plus marqué par Brian Eno, sortit quelques années plus tard, mais décidément ça ne prenait pas. Neil Halstead et Rachel Goswell prirent la tangente avec Mojave 3, un groupe au son plus américain. C’était parfois un peu trop produit mais certains albums sont excellents et de façon générale il y avait toujours les compos excellentes d’Halstead louchant vers Dylan, cohen ou Nick Drake. Depuis Neil s’est réinventé en solo, et ses albums sont merveilleux. C’est du niveau de Nick Drake. Et puis la noisy pop est revenue à la mode via le succès de Pains for being Pure At Heart, Beach House, M83 (1ere mouture), Glasvegas et bien d’autres. Slowdive a entre-temps acquis le statut de groupe culte. Neil et Rachel ont reformé le groupe le temps d’une tournée. Ceux qui ont pu les voir sur scène auraient juré que le temps n’a pas passé depuis les années 90. C’est un plaisir immense de les voir en concert. Leur musique puissante et aérienne peut à nouveau faire rêver. Finalement on dirait qu’il y a une justice et que l’histoire comble parfois ses oublis.
Au milieu des années 80, les charts sont trustés par Madonna, Michael Jackson ou Prince. L’heure est aux synthés. On a beaucoup de mal à réécouter aujourd’hui les sons numériques sans âme de l’époque. La musique était à l’image de la décennie : branchée, clinique, aseptisée, superficielle.
Mais il y avait des exceptions. 1985 : les Jesus & Mary Chain cassent la barraque avec un son saturé tout en distorsions. Leur truc c’était de revisiter des mélodies pop en les noyant dans le fuzz et le larsen, comme si les Ronettes rencontraient le Velvet Underground de « White Light White Heat ». D’autres (Spacemen 3, Swell Maps) faisaient la même chose au même moment mais les J&MC eurent en plus pour eux le fait d’être médiatiques. La presse toujours en quête de catégories qualifia ce nouveau son de noisy pop. Le genre fit des émules. A la fin des années 80, My Bloody Valentine était le fer de lance du mouvement. Des J&MC leur musique gardait le côté organique et bruitiste mais elle évolua peu à peu vers des strates beaucoup plus éthérées, avec des nappes contemplatives de guitares et des voix évanescentes. Le point d’orgue du style fut atteint par l’album « Loveless » (1991) qui ressemble à un rêve éveillé. Derrière il y avait toute une palanquée de groupes apportant leur propre pierre à l’édifice : Ride, Curve, Pale Saints, Lush, Cranes, House of Love. Des groupes plus ou moins excitants qui marchaient bien en Angleterre. C’était l’époque où certains de ces groupes ouvraient pour The Cure, période Wish tour, c’était avant que Nirvana et tous les groupes grunges infléchissent l’approche musicale des labels qui se mirent alors à laisser tomber toute cette scène qui tout d’un coup ne vendait plus de disques. Slowdive est hélas arrivé trop tard car lorsque leur premier album sortit en 1991 chez Creation, c’était déjà foutu. On était entre le triomphe du grunge et l’essor de la britpop. Les amateurs de rock ne semblaient plus très friands de noisy pop. Et pourtant, c’était un groupe magnifique mené par un compositeur supérieur à la moyenne : Neil Halstead. Et puis le couple vocal qu’il formait avec Rachel Goswell fonctionnait à merveille. Le premier album « Just for a day » est assez atmosphérique et il se réécoute vraiment très bien. Le chef d’œuvre c’est « Souvlaki » sorti plus tard en 1994. Il marqua les esprits des fans de rock indé mais il fut peu défendu par Creation plus occupé à gérer les petits cons d’Oasis. « Souvlaki » trouve le parfait équilibre entre atmosphères et chansons. C’est un bijou qui n’a pas pris une ride, un sommet insurpassable de noisy pop et plus que ça. Toutes les chansons auraient été des tubes dans un monde idéal. Les gens de goût surent reconnaître Slowdive. Ainsi Brian Eno participa à la production de « Souvlaki ». Juste retour de bâton car l’empreinte du maître est perceptible et la ballade « Here she comes » est même du pur Brian Eno. Un troisième album encore plus atmoshérique, plus minimaliste, encore plus marqué par Brian Eno, sortit quelques années plus tard, mais décidément ça ne prenait pas. Neil Halstead et Rachel Goswell prirent la tangente avec Mojave 3, un groupe au son plus américain. C’était parfois un peu trop produit mais certains albums sont excellents et de façon générale il y avait toujours les compos excellentes d’Halstead louchant vers Dylan, cohen ou Nick Drake. Depuis Neil s’est réinventé en solo, et ses albums sont merveilleux. C’est du niveau de Nick Drake. Et puis la noisy pop est revenue à la mode via le succès de Pains for being Pure At Heart, Beach House, M83 (1ere mouture), Glasvegas et bien d’autres. Slowdive a entre-temps acquis le statut de groupe culte. Neil et Rachel ont reformé le groupe le temps d’une tournée. Ceux qui ont pu les voir sur scène auraient juré que le temps n’a pas passé depuis les années 90. C’est un plaisir immense de les voir en concert. Leur musique puissante et aérienne peut à nouveau faire rêver. Finalement on dirait qu’il y a une justice et que l’histoire comble parfois ses oublis. |