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Emilie Simon
 

par Pierre Derensy (12/06/03)

 
Extrait en musique

 

 
Article par I-Muzzik

 

Emilie Simon, petite cigale française, crève les sons de la nature et développe son univers rempli de coccinelles, de femmes lascives et de musiques jeunes et inventives. Emilie qui manie toutes les casquettes (auteur-compositeur-réalisateur-producteur et … ouf : interprète) sur son premier album est prête à aimer la vie. Elle le dit, le joue et s’amuse de cette soudaine renommé. Sa production recherchée qui est du à son amour de la musique lui va comme un gant. Langoureuse, jeune et jolie (il faut le constater) elle promène sa voix de petit pinson fragile, reconnaissable déjà depuis quelques années dans des artistes anglo-saxonnes mais restant jusqu’à son arrivée vierge de toute représentante made in France. Sorte d’Ambrosia Parsley (Shivaree) française elle manie toutes les langues sauf celle de bois. Haut perché vocalement dans son album, jamais à contre-nature avec son œuvre, c’est timidement qu’elle apparaît. Entre deux show-case acoustiques, elle m’accompagne sur quelques questions qu’elle prend bien le soin de dénier pour mieux régner.

Sur votre pochette, on peut dénombrer plus de cinquante coccinelles. Est ce votre âge musical que vous avez voulu signifier par là ?
(rire) non je ne crois pas.

Mais alors pourquoi des coccinelles ?
Uniquement parce que c’est beau.

« Lise » , ta chanson où tu chantes « Lise qui déguise ses vers pour ne pas être comprise, pour ne pas être prise pour une terre à terre » est ce Emilie qui se cache derrière un pseudo ?
Je ne l’ai pas écrite en pensant à moi mais pourquoi pas. Après on peut toujours analyser la chanson et se dire que ce qu’on écrit inconsciemment s’applique à soi. En l‘occurrence pour cette chanson c‘est totalement fortuit.

Comment se passe ton entrée dans l’industrie musicale ?
Pour l’instant ça se passe d’une manière assez logique et saine. Je fais des concerts, des promos pour défendre mon disque et franchement tout fonctionne comme je le souhaitais.

Tu as fais des études de musique ancienne …
Non, j’ai fais des études de musicologie et dedans il y avait un thème sur l’histoire de la musique.

Cela t’a aidé pour ton album ?
Oui, beaucoup.

A quel niveau ?
Déjà rien qu’au niveau culturel. Je suis quelqu’un qui passe plus de temps à chercher ce que j’ai à l’intérieur de moi plutôt qu‘à aller découvrir l‘autre. Je préfère sortir des jolies choses musicales du fond de ma personne plutôt que d’écouter des disques. Donc cela m’a donné une idée, rien que chronologiquement sur l’histoire de la musique, c’est vraiment très intéressant pour comprendre pourquoi on en est là. De toute façon franchement c’est très enrichissant d’écouter de la musique tous les jours non ?, en commencent par le IXème siècle jusqu’au XXIème siècle. C’est un bout de chemin où l’on trouve de magnifiques œuvres à chaque époque.

Tu as produit toi-même ton album, c’est par manque d’affinité avec un producteur ou c’était une volonté de ta part de tout gérer seule ?
L’idée est simple : si tu veux faire des choses il faut que tu te bouges les fesses. Que tu te prennes en main et fasses ce que tu désires. Si j’avais attendu une personne pour qu’il m’écrive une chanson ou me produise je serais encore en train d’attendre dans le sud de la France. C’est quelque chose dont il faut être conscient. Etre lucide par rapport à ça. Ce qui peut t’arriver de bien dans la vie, c’est toi qui le construit, c’est toi qui le provoque.

Dans cette période de chômedu aigu, tu t’es pris toutes les casquettes des machos poilus (réalisateur-producteur-arrangeur) casquettes réservées normalement, surtout au premier album, à des cadors de l’industrie du disque ?
Pour moi je n’ai pas l’impression d’avoir des casquettes d’homme, j’ai juste eu envie de faire cet album et j’ai fais tout ce que je pouvais pour le faire le mieux possible, le plus beau possible, de la manière où je l’entendais. Un album qui me corresponde entièrement.

« Graines d’étoiles » est un duo avec Perry Blake, comment l’occasion de lui proposer cette chanson s’est elle produite ?
Je l’ai rencontré il y a trois ou quatre ans. Lorsque j’ai écris « graines d’étoile » je me suis rendu compte qu’il y avait une affinité là-dessus avec lui, je lui ai proposé, il m’a demandé d’écouter la chanson et l’ayant aimé il s’est agréablement prêté au jeu.

Tes chansons sont régulièrement des histoires de femmes dominatrices …
Ha bon ? Dominatrices ? non pas vraiment, enfin je ne le ressens pas comme ça de mon côté. Je vois pas ce que tu veux dire ?!

« Dernier lit » est une chanson merveilleuse sur la mort, comment vous est venu l’idée de la chanter ?
Je n’ai pas écris le texte de « Dernier Lit », c’est un ami David Masse qui m’a proposé de collaborer avec lui. J’avais écris la mélodie et commencé les arrangements. Il m’a demandé de quoi je voulais que ça parle. Je lui ai dis que j’aimerais que cela ai un rapport avec la mort, il m’a écrit ce magnifique texte sur un thème difficile. David c’est la seule personne à part Perry Blake qui intervient sur cet album au niveau des textes, on a co-écrit aussi le texte en français de « Désert ».

Il y a beaucoup de romantisme dans tes chansons, Emilie Simon serait-elle fleure bleue ?
J’en sais strictement rien… non je sais pas….

Philippe Chatel, grand compositeur de ce 20e siècle, a déclaré pour son conte Emilie Jolie « Faites que le rêve dévore votre vie afin que la vie ne dévore pas votre rêve » ?
Moi mon rêve c’est ce que je vis. Je ne fais pas de différence entre les deux.

Qu’est ce que t’ inspirent les premiers concerts que tu as donné ?
C’est impressionnant. Je ne viens pas de la scène mais en même temps c’est très éclatant, encourageant et très agréable d’avoir un contact avec les gens.

Est ce que ce n’est pas frustrant quand on a fait un aussi bon album que les premiers qualificatifs employés par certains soient « jeune et jolie » ?
Je m’en fous. Tu sais cela me passe au dessus de la tête. Vraiment si cela leur fait plaisir de dire que je suis jeune et jolie… Je sais pas….

En tout cas moi j’ai pas dis ça ! j’ai dis que tu étais dominatrice et je me suis fait engueuler !
(rire) En fait, je vois pas pourquoi : si tu es jolie tu pourrais pas en même temps être productrice, réalisatrice et bonne chanteuse. Le souci ce serait si c’était juste « elle est belle ». Si on s’arrête à ça on dirait que j’ai une voix de petite fille, de Lolita point. En général ça commence de cette manière et ça finit par ce que j’ai fait et ce que j’essaye de créer. Ce qui est quand même plus intéressant que de savoir si je suis jolie ou pas. Mais à priori cela ne m’énerve pas plus que ça de voir ces termes sur ma personne.

Ton père a un studio d’enregistrement dans le sud, qu’est ce que tu en a retiré ?
Ce que j’ai appris c’est au niveau de l’approche de la musique. Au niveau de la patience. Je connais ce qu’est un studio depuis que je suis toute petite, je n’ai donc pas eu de surprise, je sais comment ça marche. C’est un monde où j’ai plus de facilité à évoluer vu que je connais le contexte depuis ma plus tendre enfance.

Pourrais tu m’expliquer ce qu’est ce logiciel de morphing vocal qui transforme la voix en violon ?
C’est un logiciel qui est développé à l’IRCAM et qui était juste utilisé dans la musique contemporaine….

Ton passage à l’IRCAM semble avoir changé ta manière de « faire de la musique » ?
Quand je suis monté à Paris il y a cinq ans j’ai traîné dans cet endroit et j’y ai appris beaucoup de choses, en particulier l’envie de m’occuper de la production et du son en général.

On me presse de terminer, alors j’aimerais savoir en dernière question pourquoi toute les ponctuations qui sont sur ton album ont leur point en bas ?
C’est parce que ce sont les coccinelles qui ont perdu leurs poids.

Pierre DERENSY