Groupe : Tindersticks

Producteur : Ian Caple

Distribution : Beggars banquet

Année : 2003

Genre : Songwriting orchestral

Tindersticks appartient à cette classe de groupe qu’on accompagnerait n’importe où, juste pour entendre une de leur mélodie somptueuse capable d’éclairer l’instant d’une lumière tamisée. Sans véritable équivalent, les Anglais nous emmène sur des sables mouvants et on les suit quitte à finir aspirer par ces lents remous assassins. « Waiting for the moon » est leur sixième album et fait suite à une dérive de Tindersticks vers une soul sensuelle. Une musique toujours belle mais qui correspondait moins à l’outrance symbolique de la bande à Stuart Staples. C’est par un retour à l’ambition orchestrale (« Sometimes it hurts »), à la profondeur des sens (l'introductif et magnifique « Until the morning comes ») que les Tindersticks retrouvent toute leur ampleur sur un disque dense, à l’aspect désordonné et qui atteint quelques sommets rarement franchis. En fait, les Anglais reviennent à ce qu’ils savent le mieux pratiquer, aux constructions les plus impures (« Say goodbye to the city », « Just a dog »), à la flamboyance la plus acide. La mélancolie opaque de leurs morceaux s’abat sur nous comme la foudre, rapide, précise et inévitable losqu’elle nous a choisi (« Runnig wild »). Car on ne choisit pas les Tindersticks, ce sont eux qui pointent leur doigt vers nous et nous ordonnent de plongée jusqu’à la noyade dans ces morceaux troublants. De plus, on ne se remet pas d’un album des Tinderstricks, il nous hante pour toujours, « Waiting for the moon » nous obsédera jusqu’à la nuit des temps, la disparition de la lune. « Waiting for the moon » est sans contexte un de leur meilleur disque, c’est dire si on côtoie ici le chef d’œuvre émotionnel. Grandiose.