PJ Harvey a, jusqu’à présent, explorer les multiples facettes du songwriting rock. Entre le sécheresse la brutalité de l’indépassable « Dry » dont le rock féminin ne s’est jamais remis et la luminosité du brillant « Stories from the city, stories from the sea » disque que n’aurait pas renié Patti Smith, entre son absolue « To bring you my love » et son sensuel « Is this desire », Polly Jeanne a fait le tour de la question, dénicher d’innombrables perles, une multiplicité hors normes. Avec « Uh Huh her » on ne peut pas dire que PJ Harvey se renouvelle, disons plutôt qu’elle propose un retour aux sources (« Who the fuck? »), comme une pause pour mieux repartir. Disque incroyable pour sa densité, pour sa pauvreté de moyens face à la richesse de son inspiration (« The child no mine », « You come through »), « Uh Huh her » est d’une extrême sauvagerie tout en ne faisant jamais trop de bruit (« The letter »). Cette sauvagerie effarouchée est dans le repli sur elle-même (« The desperate kingdom of love »), est dans sa nature de femme animale qui dirige la meute. Le parallèle entre cet opus et « Dry » jeté, il nous reste le jeu des différences pour en remarquer les divergences suffisamment imposantes pour en faire deux disques dissemblables. Sur « Uh Huh her » elle chante mieux qu’à ses débuts, plus professionnelles dans sa démarche. Et si contrairement à son premier album, celui-ci ne marquera pas l’histoire, il n’en demeure pas moins largement à la hauteur de la discographie d’une femme qui, malgré les années, ne cesse de nous affoler. |