Comment Norman Cook alias Fatboy slim, DJ mythique et superstar de Brighton, allait bien pouvoir dépasser les barrières du big beat qu’il a lui-même contribué à mettre en place ? Big beat, anciennement tout feu, tout flamme, aujourd’hui considéré comme un genre dépassé, vieillot, pataud alors qu’il faut bien reconnaître que nous nous sommes bien éclatés dessus, que ce soit à Bénicassim ou ailleurs. « Palookaville » est un disque test, un virage casse gueule. Loin de se prendre les pieds dans le tapis, Fatboy slim nous livre un album éclectique dans ses meilleurs moments (« Put it back together » avec Damon Albarn), touffus aussi (« Don't let the man get you down »). Comme le sacré bordel qui règne dans sa tête, l’Anglais joue sur tous les tableaux (du sombre et quasi minimaliste « Long way from home » à la reprise de « The joker » du Steve Miller band), dépose son immense discothèque sur le billard et joue le rôle du médecin légiste dans un roman de gare, un roman noir assez convenu mais un bon thriller solide, haletant, avec tout ce qu’il faut de suspens. Il est certain que nous ne sommes pas chez DeLillo, ni chez Franzen, encore moins chez Joyce. Norman Cook n’invente pas une nouvelle langue, il préfère utiliser celle de tous les jours, mais le fait sans faute de grammaire, ni faute de goût. Ce qui lui permet de sortir un quatrième album franchement correct. |