S’il est des compilations qu’on taxe d’inutile (voir le « Singles » de Basement jaxx chroniqué dernièrement), il en est d’autres qui sont salvatrices, qui permettent une mise au point indispensable. Groupe qui est et demeure dans l’ombre, les Américains de Yo la tengo ont toujours possédé une flamme unique, une façon d’aborder le rock en avance sur son époque. Précurseurs, car ils sont permis à un tout un pan du rock d’éclore, de prendre forme, parce que qu’ils ont posé des briques indispensables à un rock qui allait avec d’autres groupes devenir post, devenir soi-disant inventif. Yo la tengo, c’est le chaînon manquant entre Sonic Youth et Tortoise, entre Fugazi et Grandaddy. Prisonnier de leur image, le couple Kaplan en oubliera de paraître, tellement leur être fut leur seule raison d’écrire. « Prisoners of love » est autant un coffret qu’une compilation. On y retrouve dessus quelques jalons d’une discographie immense et à réhabiliter, quelques inédits ou raretés dans une veine bien maîtrisée et une poignée de remix impeccables. Loin des lumières de la renommée, Yo la tengo s’est construit depuis la fin des années 80, une discographie qui a devancé bien des genres et bien des mouvements. Et s’ils ont un peu lâché prise depuis quelques temps, l’importance de Yo la tengo est inversement proportionnelle à son succès populaire. Cette compilation (ce jubilée ?) est là pour le démontrer une nouvelle fois. Ceux qui ont trente ans aujourd’hui ne devrait pas, pour peu qu’ils aient une mémoire sélective de qualité, en avoir besoin. |