The Helio Sequence est un duo de Portland signé sur le label historique Sub Pop. Autrefois ce label lançait les jeunes énervés de Seattle, Nirvana en tête. Avec des guitares entre les mains, le malaise se transformait en rage. En 2008, le son de Sub Pop est moins brut mais le malaise est toujours là. Car s’il y a bien un dénominateur commun entre les figures de proue du label actuellement, c’est une certaine conception mélancolique de la vie. Et ça marche puisque The Shins et Band Of Horses cartonnent. The Helio Sequence pourrait bien s’engouffrer dans la brèche ouverte par les collègues et c’est tout le mal qu’on leur souhaite.
Au-delà de l’aspect mélancolique de l’album, il y a une autre composante qui semble rapprocher ces groupes. Leur son opère comme une madeleine de Proust, il est très connoté années 80. Je ne parle pas du son synthétique qui inondait les radios et polluait la décennie. Je pense plutôt au son souterrain de ces groupes (surtout anglais) qui arrivaient à maintenir à flot une certaine conception émotionnelle et sans concession de la musique. Ils aimaient la ligne claire et la reverb et ils affichaient une sensibilité à fleur de peau comme une défense contre le matérialisme outrancier de ces années là : The Smiths, Echo&The Bunnymen, Chameleons voilà bien quelques exemples de noms qu’on ne serait pas étonné de trouver dans la discothèque du duo. Par ailleurs il faut reconnaître un talent indéniable chez The Helio Sequence pour des compositions pop classiques et efficaces, faisant penser à The Shins, Band Of Horses, mais aussi Coldplay pour les morceaux les plus pop (« The captive mind »), The Walkmen pour les morceaux les plus torturés (superbe entame « Lately »), The Stone Roses pour les moments plus dansants (le réjouissant « Hallelujah »). Le point commun entre toutes ces références? Une esthétique années 80, on y revient. Mention particulière pour le morceau de bravoure « keep your eyes ahead », mélancolique, énergique et aérien. Et puis il y a les morceaux qui tranchent un peu avec le reste, des échappées folk très réussies, que ce soit la ballade « shed your love », l’hymne « broken afternoon » ou la conclusion « no regrets » entre blues et gospel. Au final, « keep your eyes ahead » est à la fois un disque paradoxalement daté et de son temps, très agréable à écouter, le genre d’album dont on écoutera systématiquement quelques chansons choisies dans l’année, puis qu’on oubliera pour le redécouvrir plus tard de temps en temps avec plaisir dans des étagères empoussiérées. Il comblera les gens empreints de sagesse qui ne cherchent pas systématiquement l’absolu mais savent aussi apprécier les petits plaisirs de la vie. |
