Les Cold Shoulder viennent de Glasgow mais il y a beaucoup de soleil dans leur musique. Entre légèreté et mélancolie, le talent d’écriture de Jamie Reid se déploie sur 10 titres dont l’apparente facilité cache des finesses mélodiques assez incroyables. « Love In A Cold Climate » ouvre le bal : premières notes agaçantes, on se dit qu’on a déjà entendu ça des milliers de fois, et puis arrive le refrain et là c’est une autre histoire, le titre fait mouche. Sur « Undone » le ton est plus menaçant, la rythmique implacable rappelle la tension d’un groupe comme Wire alors que pour le refrain on lorgne du côté d’un Bowie de la fin des années 70. Suivent « Molly’s Parker’s kitchen », très belle ballade sous influence Jeff Buckley, et « Accidents Were Made To Happen » qui sonne comme les meilleurs Byrds des débuts. Après ces 4 morceaux impeccables, on est un peu déçu par le titre « Root full of soul » qui malgré son efficacité rock manque un peu d’originalité. Une accélération à la fin tente de faire décoller le morceau, mais ce passage ressemble trop à un générique de « Buffy Contre Les Vampires » pour être convaincant. Heureusement, dès « Liberty A-Bomb », le niveau est relevé : encore une ballade assez merveilleuse, et on se demande si finalement on ne tient pas là les successeurs des LA’s. En tout cas en plus de venir d’endroits qu’on imagine souvent baignés dans la brume (Liverpool pour les LA’s), les 2 groupes ont en commun un son et un talent indéniable pour trousser des pop songs parfaites, lumineuses et crève-cœur. On excuse « For Gahortis Man », un peu auto complaisant dans le côté « je marmonne sur quelques accords de guitare ». « The Joyless Mr Kahn » démarre de façon assez classique, s’égare un court instants dans des vocalises (« pa pa pa ») qu’on aurait pu éviter mais finalement ne finit pas trop mal. « Were I Were Blind » ne dévie pas de la ligne directrice de l’album, le tout est très bien enlevé. « She’s So loveable » clôt l’album de façon magistrale, comme il avait commencé. On tient là une pop song parfaite : guitares byrdsiennes, chœurs discrets, couplet décontracté, un refrain qui emporte tout sur son passage, un apparté plutôt punk, le genre de truc qu’on écoute en boucle. Ce premier album ne souffre donc finalement que de peu de défauts. La qualité d’écriture, la rigueur de la démarche placent les Cold Shoulder au-dessus de la mêlée. On ne peut qu’espérer que leurs chansons accrocheuses trouveront leur public. |