Harry-D. Chabert : Voxtrot est un groupe Américain, un groupe du Texas pour être exacte. Ce premier album éponyme est pourtant un disque anglais, chose étonnante venant d’un état d’Amérique trop naïvement caricaturé. C’est du coté des derniers albums de New-order qu’il faudra chercher les jalons pour mieux disséquer un disque admirable (« Blood red blood »). Sorte de Servant d’avant, quand ils étaient encore un groupe intéressant, sorte de Belle and Sebastian électrique et excité, les chansons de Voxtrot sont des fusées pop qui, à de rares exceptions près, décollent avec classe et efficacité (« Kid gloves », « Brother in conflict »). Capable de grandeur pop immédiate (« Steven ») mais aussi, à l’occasion, d’assombrir le ton, se durcir le son (« Firecracker »), Voxtrot démontre un panel important, un talent explosif de composition comme de mise en forme notamment par le travail de production de Victor Van Vugt (producteur aussi de Sons and daughters). Et lorsque les cordes pleuvent (« Every day »), le résultat est très beau. Et comme derrière les apparences trompeuses, ces pop-songs, que certains prétendront trop respectueuses, se cachent une étrangeté diffuse, une maladie rampante évidente mais inexpliquée, « Voxtrot » se révèle un album implacable, irrésistible et intelligent à la fois.