L’album sort bientôt, je n’ai eu qu’une pré-version et j’aurais aimé savoir comment il allait être packagé, avez vous préparé quelque chose de particulier ?
Michael Furlon : «On le sort de deux manières, un album normal et l’autre avec un DVD en plus sur le making off de l’enregistrement par nous même. Comme on a encore une fois pris le parti de faire ça chez nous, dans notre local de répétition on s’est amusé à se filmer pour une version digipack de l’album.»
Dès « Rodéo » on a l’idée qu’il est temps de changer d’air pour les Mickey 3D ?
Michael Furlon : «Effectivement, l’album d’avant était très pesant. Nous étions devenus en plus catalogués comme «groupe militant» donc on avait envie de revenir au bricolage du début, des chansons plus légères même s’il reste des chansons énervées parce que des fois je ne peux pas m’empêcher d’être agacé par le monde qui nous entoure. Nous étions aussi très porté sur le rock n’roll car nous avions rejoué du rock après le live avec des copains dans un groupe qui s’appelle «NoBajam», avec des trucs hardcores, des concerts dans des bars à la campagne.»
Aviez vous peur d’être pris pour des donneurs de leçons ou des cracheurs dans la soupe d’où ce revirement dans quelque chose de plus léger ?
Michael Furlon : «Non, c’est uniquement une envie de légèreté. Une pop music plus insouciante. J’avais aussi envie de rechanter un peu parce que j’avais l’impression de parler de plus en plus. De porter une attention particulière à la musique et ainsi éviter de donner trop d’importance aux textes. On voulait se faire plaisir sans tomber dans la routine et sans aucune réflexion commerciale derrière.»
On dit de cet album qu’il est moins grave pour dé scotcher cette image de groupe engagé ?
Michael Furlon : «Disons que cette étiquette cachait tout ce qu’on était capable de faire. En plus derrière cette image d’engagement il y a ce mot de « militant » et je ne pense pas que nous soyons l’exemple d’un groupe militant, nous sommes plus des citoyens qui s’expriment. Mickey 3D pour les gens c’était «Respire», nous sommes capables de faire d’autres choses, on aime plein d’autres trucs, plein d’époques musicales. On avait envie de se diversifier. Impossible de faire 15 chansons identiques. Sinon on s’ennuie.»
Est ce qu’à ton avis tout est un éternel recommencement d’erreurs dans notre société comme on pourrait le comprendre dans l’album ?
Michael Furlon : «Y a surtout plus de poésies dans l’album et des fois j’écris des trucs sans trop réfléchir au sens. Il n’y a pas toujours un sens à mes paroles. De manière légère tout s’imbrique sans conséquence. Dans «Rodéo» par exemple, les paroles auraient pu être dites par un enfant.»
Il y a aussi comme une sorte de paradis perdu rural qu’on aime évoquer mais qui a disparu, est ce la rançon du succès ?
Michael Furlon : «Pas exactement… tu sais nous sommes toujours dans notre paradis rural (rire). On voyage pas mal avec les tournées mais on vit toujours de la même façon. Quand je dis « J’ai pas envie de monter à Paris parce que dans les yeux des gens il y a comme de la pluie qui tombe doucement» ce n’est pas un truc qui est vrai, c’est juste une image poétique de la ville en général.»
Même en ayant mis la pédale de frein sur les revendications, « Matador » reste un album belliqueux ?
Michael Furlon : «Quand tu fais des chansons il y a des jours où tu as envie de rire et des jours où tu as envie de pleurer. Le jour où tu as envie de rire tu fais une chanson qui respire ta joie de vivre, le lendemain si tu es énervé ta chanson sera tourmentée. De toute façon si tu regardes un peu plus loin que le simple bout de tes baskets tu as plein de trucs énervants sur cette planète ; dans cette société mondiale où certains sont très riches et d’autres très pauvres. Quand tu as une conscience de ces choses tu peux pas garder ce truc pour toi.»
On dirait que tu as pris conscience aussi de la chance d’avoir une voix ?
Michael Furlon : «Pendant longtemps j’ai chanté mais depuis un certain temps je chantais de moins en moins pour plus faire du talk-over. Cela me manquait. Sur ce disque j’avais vraiment envie de rechanter mais je ne pense pas avoir une voix d’enfer (rire).»
Tout de même, elle porte bien ?
Michael Furlon : «Je dirais plutôt qu’elle porte encore ! profitons donc de ça avant que je ne puisse plus chanter que dans le grave car ma voix sera cassée.»
Dans ce dernier opus on reconnaît la patte du groupe musicalement mais on a l’impression qu’il est la somme des précédents agrémenté de nouveautés (accordéon, beat electro) ?
Michael Furlon : «C’est exactement ça. Si tu prends «Rodéo» c’est un retour au côté bricolo. On a cherché aussi à créer une atmosphère hispanisante. On avait déjà touché à l’oriental mais jamais de petite rythmique comme ça.»
Vos travaux solos respectifs à tous les 3 permettent ils à votre groupe de ne pas moisir sur place ?
Michael Furlon : «Oui mais il y a aussi tout ce qu’on écoute. Le jour où nous aurons l’impression de tourner en rond on arrêtera.»
Pourquoi dans tes textes cherches tu as rester le plus simple possible ?
Michael Furlon : «Déjà je ne suis pas un grand littéraire donc je ne peux pas faire des textes compliqués. De toute façon j’aime bien aller àa l’essentiel avec des mots simples…»
Faut il garder une âme d’enfant pour former un groupe et faire des disques ?
Michael Furlon : «Une âme d’adolescent. C’est important de garder une part d’ado en soi pour vibrer un peu.»
La dernière tournée fantastique t’as inspiré pour rentrer presque aussi vite en studio ?
Michael Furlon : «Après le live, je suis rentré à la maison pour maquetter : par exemple toutes les voix que j’ai faites viennent de chez moi. On est parti ensuite de ces maquettes parce que c’étaient des premiers jets et que je n’arrivais pas en studio à retrouver l’intention que j’arrivais à porter chez moi. Même si des fois y a un peu de fausseté dans le chant, je préfère garder ce qui est au plus proche de la vérité.»
Pas d’année sabbatique pour le groupe ?
Michael Furlon : «C’est ce qu’on voulait faire mais nous n’y sommes pas arrivé. Ca nous excite encore de créer, d’enregistrer, de bidouiller. Quand nous sommes inactifs nous sommes malheureux, la preuve on est reparti jouer avec un autre groupe.»
Votre disque se termine par un instrumental très nature ?
Michael Furlon : «Premièrement je suis très superstitieux et je ne désirais pas faire un disque avec 13 plages donc j’en ai rajouté une quatorzième. Pour évoquer un lieu la plus belle des façons c’est de ne pas mettre de musique ou de parole dessus. Là ce n’est pas silencieux, il y a les grillons, la rivière. Ca été enregistré dans un lieu dit, chez mes grands-parents où j’ai ma maison de campagne. Des fois il m’arrive d’enregistrer les bruits de la campagne et là j’ai eu l’envie de donner à la personne qui écoute notre disque de se reposer avec nous.»
« Matador» a encore été enregistré de manière artisanale alors qu’avec la popularité qui est votre, vous auriez pu passer par une autre technique ?
Michael Furlon : «Je peux même te dire que nous sommes allés dans l’artisanal encore plus poussé ! Sur certains morceaux nous sommes mêmes partis des enregistrements dans la salle de répète. C’est important parfois pour que tu ai l’impression que le mec soit dans sa chambre que tu enregistres dans ta chambre. Si tu veux entendre des mecs faire du rock à côté de toi il faut que tu le captes au plus proche de l’endroit où cela bouge. Nous avons voulu nous mettre au service des chansons. Un truc qu’on néglige souvent c’est la basse. Là nous avons voulu dégotter 5 ou 6 basses avec des sons différents les unes des autres. Chaque chanson sur le disque à sa façon d’être faite.»
Vous êtes maintenant votre propre producteur, pourquoi ?
Michael Furlon : « Nous étions en position de force avec Virgin dans le sens où nous avions vendu beaucoup de disques donc nous avons cherché à encore plus nous indépendantiser. Même si Virgin nous a toujours laissé libre, maintenant nous maîtrisons totalement la production. On a jamais eu trop besoin de directeur artistique pour nous guider.»
Contrairement à beaucoup d’artistes qui mettent peu de titres, vous depuis le début vous avez toujours 14 titres sur vos disques, c’est parce que vous avez du mal à faire un choix ou c’est pour en donner toujours plus à votre public ?
Michael Furlon : «J’écris tout le temps. Je dois bien avoir une petite centaine de titres en chantier. On se restreint car nous pourrions sortir des doubles-albums… C’est juste qu’on veut qu’il n’y en ai pas trop mais pas «pas beaucoup». Il faut que cela fasse une histoire. Sur un CD il y a de quoi faire de la musique au dessus du format vinyle, autant en profiter. Après il ne faut pas en mettre trop car sinon tu passes d’album à compil’ (rire).»
Cet album va d’abord tourner sur les festivals d’été pourquoi ce choix ?
Michael Furlon : «Quand tu crées un groupe tu rêves de jouer devant des dizaines de milliers de personnes. C’est un vrai bonheur d’aller jouer par exemple aux Vieilles Charrues en plein été. On compte bien faire ceux de cette année mais aussi l’année prochaine.»
Ensuite vous retrouverez l’ambiance des salles ?
Michael Furlon : «Par rapport aux festival le public est différent. On va faire une tournée qui fait : Eté-Automne-Printemps-Eté. On va attaquer par des salles qui vont de 800 à 2000 personnes, des endroits où l’on garde la proximité avec les gens.»
Vous avez aussi participé à un CD 3 titres contre l’illettrisme avec deux inédits et une reprise de Ferrat ?
Michael Furlon : «On nous propose des trucs tous les jours dans tous les sens. Mais les gens oublient que notre métier c’est de faire de la musique. Et là la FNAC nous a proposé de rendre service grâce à notre notoriété pour aider les associations tous en faisant ce que nous savons faire c’est à dire des chansons. Dans la prochaine tournée nous allons donner la recette de la billetterie à des organismes.»
Rencontrer un mythe comme Robert Smith était il un moment fort pour toi ?
Michael Furlon : «C’est grâce ou à cause de lui que j’ai voulu chanter, monter un groupe, alors lui donner le maillot de l’ASSE comme il est fan de foot c’était symbolique.»
Imagines tu que bientôt cela pourrait être toi qui est le moteur d’une nouvelle génération ?
Michael Furlon : «Non ! je ne pense pas. En plus, faut faire des trucs un peu spé pour être imité.»
Ce qui doit être étrange aussi c’est que la mode revival ASSE t’es en partie redevable d’être né ?
Michael Furlon : «On a juste accompagné le truc. C’est la presse sportive qui après à monté tout ça en mayonnaise. En plus la ville est toujours autant passionnée, l’équipe remonte et jouera peut être l’Europe.»
Pourrais tu crier un jour en pleine déprime « Allez Lyon » ?
Michael Furlon : «Non ! ou seulement quand ils auront changé de président. Il n’y a pas d’amour dans ce club. Lyon pourrait être très populaire mais pas avec Aullas.»
Pierre DERENSY |