Programme a sorti deux albums intransigeants, difficiles mais qui agissent comme une offrande lorsqu'on prend la peine de s'y plonger. Avec leur politique artistique (dont les prémices étaient visibles avec Diabologum) et leur oeuvre au plus au point inflammable, Programme est un groupe atypique sur la scène française. Classé dans les bacs rock, le duo n'a rien à voir avec un quelconque
stéréotype rock. Certains les traiteront d'intellectuels, d'autres en feront un groupe arty un peu inutile, nous, on préfère les prendre tels qu'ils sont c'est à dire vivants, indociles et dont le mot compromission n'appartient pas à leur langue. Programme est un groupe fondamental à découvrir absolument et au plus vite. Cette interview a été l'occasion d'éclairer quelques points sur leur façon de voir la musique et de vivre parmi nous.
Interview
1. Il y a quelques semaines est sorti « L'enfer tiède » successeur de « Mon cerveau dans ma bouche ». Ce deuxième album s'éloigne encore plus des formats classiques pop-rock. Votre démarche est-elle instinctive ou calculée ? Possède-t-elle une finalité ?
Nous n’arrivons pas à dissocier froidement notre instinct et l’analyse qu’on en fait et c’est sans doute en partie cette instabilité qui fait l’intérêt de nos disques. La finalité de tout ça c’est de s’opposer mais de s’opposer à quoi précisément ? Au mensonge ? Quand s’arrête-t-il ? Sans doute que nous voulons laisser une trace de toute cette confusion dans laquelle nous vivons.
2. Des textes assez nihilistes, une musique qui ne peut laisser indifférente. Avez-vous envie de vous démarquer au maximum de toutes références possibles ?
Nous avons envie d’interpeller l’auditeur, qu’il ne reste pas indifférent. Nous cherchons une voie singulière, qui n’appartienne qu’à nous. Nous nous efforçons pour cela de sortir des styles répertoriés. Les textes essaient d’être le reflet d’une certaine réalité, ou plutôt, de ce que quelqu’un peut ressentir face à elle. Le véritable nihilisme ne s’encombre pas d’envies comme les nôtres.
3. On a l'impression d'une forte influence des musiques conceptuelles. Pensez vous vous inscrire dans une telle lignée ? Avez vous une tendance à théoriser votre musique ?
Nous intellectualisons ce que nous faisons, par obligation, puisque nous avons des cerveaux qui marchent. S’il nous arrive de théoriser notre musique c’est pour nous faire croire qu’elle dépasse les champs esthétiques et culturels. Nous aimerions atteindre autre chose.
4. Savez vous dans quelle direction vous irez avant de travailler sur un album ou est-ce que cette direction naît des premières ébauches des morceaux ?
Nous avons des idées de directions et les premières ébauches vont confirmer certaines et en éliminer d’autres. Après cette première étape nous avons toujours en tête la cohésion et le sens de l’ensemble.
5. Votre démarche est-elle bien comprise par l'ensemble de la critique française ? Et du public lors de votre tournée ?
Je ne sais pas.
6. En dehors de vos textes engagés dans une sorte de bilan générationnel, prenez vous part à des actions, associatives notamment ? Si oui, est ce en tant qu'individu ou artistes ?
Non.
7. Dans « une vie » vous écrivez « Une vie à revenir sur ce qu'on s'est promis en souffrant d'être malhonnête » ? Les compromissions dans lesquelles nous finissons tous par tomber sont-elles selon vous inéluctables ou existe-t-il un moyen de conserver son intransigeance jusqu'au bout dans toutes les situations ?
Je ne sais pas.
8. Quel regard portez-vous aujourd'hui (surtout Arnaud) sur le troisième disque fondamental (à mon avis) « 3 » de Diabologum ?
C’est un bon disque, qui a donné une voix différente à la musique indé en France, à la critique, qui a cherché de nouvelles formes au rock français aussi. Un disque très plagié par une partie du nouveau rock français et de la nouvelle chanson française.
9. De quels groupes français vous sentez-vous proche sur le plan artistique et sur le plan affectif ?
On aime bien Mendelson, « Quelque part », leur dernier album.
10. Etes vous réellement des fans de musique avide de découvertes permanentes? Qu'écoutez-vous en ce moment ?
Damien n’écoute pas de musique à part ce que je lui amène. Et moi en ce moment j’écoute The Streets et Dalëk.
11. Un commentaire sur les élections présidentielles ?
Allez tous vous faire branler. |