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Bumcello
 

par Pierre Derensy (29/07/08)

 
Extrait en musique

 

 
Article par I-Muzzik

 

Cela fait quelques années qu'en parallèle à leurs collaborations de musiciens sur des albums de tout horizons ou sur scène avec des vedettes monumentales (par exemple M), Cyril Atef et Vincent Ségal s'amusent à faire la musique qu'ils aiment dans leur groupe-concept : Bumcello. Ce duo propose donc « Lychee Queen » avec des convives séduisants, tels que Magic Malik, Blackalicious, Mama Ohandja, Tommy Jordan et Chocolat Genius. Que du beau monde.

Vous attendiez-vous à faire autant d'album avec Bumcello ?

Cyril Atef : «On ne s'est même pas posé la question. C'est un truc naturel pour nous d'aller en studio. On pourrait enregistrer tous les 6 mois si on voulait. »

Qu'est ce qui vous en empêche ?

Cyril Atef : «Le temps, car nous sommes pris dans pas mal de projets, mais en même temps je ne sais pas si faire des albums au jour d'aujourd'hui, cela sert à quelque chose. Cela nous fait toujours plaisir de laisser ce petit marquage dans le temps via un CD. Quand on écoutera ça sur nos vieux jours nous pourrons nous dire que l'on a quand même fait de bonnes choses à ce moment là.»

Avec vos planning respectifs surchargés, comment préparez vous un album de Bumcello ?

Cyril Atef : «On compose, on note des idées à la maison, je présente ça à Vincent et vice-versa. Ensuite nous transformons ces idées de base pour en faire des morceaux différents. On écoute des minidisques de nos concerts qui sont 100 % improvisés. On pioche dedans sans forcément respecter le son entendu et joué. C'est une sorte de trame mélodique. Ensuite, on rentre en studio, pour le dernier album par exemple nous avons pris 3 jours. C'est allé assez rapidement.»

C'est très court comme délai, dans ces conditions doit on faire « vite et bien immédiatement » ou « faire vite et bien, plus tard quand la mixture aura décanté » ?

Cyril Atef : «Notre nature, c'est de bosser rapidement. On n'a pas fait plus de 2 prises. Ensuite, on a fait 1 jour avec les invités et enfin nous avons envoyé les bandes à nos amis américains comme Tommy Jordan et Blackalicious. »

Tous ces guests sont de grands noms, comment se sont ils retrouvés sur votre disque ?

Cyril Atef : «Tommy, c'est mon pote depuis 20 ans, j'avais un groupe avec lui dans les années 80, c'est un multi instrumentiste et chanteur très talentueux. Bob Brown nous a mixé l'album grâce à Tommy. Blackalicious est un ami de Vincent et Chocolat Genius, c'est un gars que nous avons rencontré au Printemps de Bourges, il y a 5 ans. C'est un super song-writer américain malheureusement pas assez connu. Le disque c'est vraiment une bonne occasion de faire des collaborations.»

Est-ce que dans « Lychee Queen » c'est le son de la Motown qui s'invite encore plus que dans les autres de vos disques ?

Cyril Atef : «Tu trouves ? C'est une observation intéressante. C'est un son et une manière un peu mat. La manière, c'est plutôt Motown deuxième période. »

On a tendance en France à faire de l'anti-américanisme primaire mais au final votre musique, comme la musique anglo-saxonne est un mélange de pleins de genres, prenez vous exemple sur ce qui se fait là bas ?

Cyril Atef : «Je suis américain. La musique anglo-saxonne est faite de pleins de métissage évidement, mais au final, ils catégorisent la musique encore plus qu'ici. Je te parle au niveau commercial. Dans les magasins, dans les médias : c'est encore plus dur qu'en France. »

Quand on présente Bumcello à Vincent Frèrebeau, qu'est ce qui fait qu'il signe ?

Cyril Atef : «On ne lui a pas proposé ! c'est lui qui est venu nous voir en concert. On n'a jamais cherché une maison de disque. On était dans un petit label et il a voulu racheter notre contrat. Il a eu une bonne idée (rire). Je vais laisser la parole à Vincent histoire que l'on se partage les réponses à tes questions. »

Je voulais savoir si Bumcello n'était pas nostalgique d'une époque passée où internet n'existait pas, où l'information musicale devait se dénicher après des recherches dans les bacs ou les journaux étrangers, où les sons étaient riches et différents ?

Vincent Ségal : «Je suis d'accord avec toi mais en même temps, je peux montrer à mon fils des choses sur You Tube qui restent secrètes. Le web est un océan tellement vaste qu'aucun de ses copains vont aller dans les niches où moi je vais l'emmener. Il y a toujours des moments d'émotions très fortes. J'ai regardé avec Moustaki des choses sur le net qui l'ont ému. Par exemple, lorsqu'il a découvert qu'une chanteuse black l'adorait et le reprenait. La nana, tu l'écoutes, et elle te met par terre, pourtant ce titre doit avoir au plus 200 visites. Ce qui est terrible, c'est qu'on mérite moins les choses. Avant, quand tu faisais 60 bornes pour voir l'unique passage d'un artiste en France, j'imagine que cela devait ressembler à un périple. »

Le public de Bumcello, il vous est acquis d'avance ou pas ?

Vincent Ségal : «Non, tout simplement car nous improvisons tout sur chaque concert. Ce qui fait qu'on peut perdre notre public. Il y a quelques concerts je n'étais pas en forme, ou Cyril, bref nous avons pris un risque et j'ai détesté notre prestation, ce public là : il peut dire que le concert de Bumcello à cette date était mauvais car même moi j'étais insatisfait de notre manière de jouer. Proportionnellement, quand cela fonctionne, le public nous renvoie un super retour. J'adore quand quelqu'un me dit « pour des vieux c'est vraiment super ce que vous faites ». Cela me fait très plaisir. »

Ce qui reste par contre inchangé dans votre musique : c'est ce besoin de bouger au son de vos rythmes, est ce difficile à incruster sur un CD ?

Vincent Ségal : «On l'a sûrement mieux réussi sur ce dernier. C'est difficile. Les gens qui enregistrent n'arrivent pas à capter certaines choses que nous ressentons quand nous jouons. J'adore la samba par exemple, encore plus aujourd'hui où les groupes de percussions jouent de manière amplifiée et là tu n'arrives pas, qui que tu prennes comme ingénieur du son, : la restitution exacte de ce que tu entends. Chez nous on a des trans. en concert qui ne pourront jamais être captées. Il faudrait peut être trouver un ingénieur qui est dingue de direct. Afin qu'il nous enregistre de manière sauvage. Et comme nous improvisons, ce n'est pas de la musique ligne clair, il y a beaucoup d'accidents.»

J'ai l'impression qu'on a jamais autant « parlé » que sur ce disque ?

Vincent Ségal : «Sur l'album précédent, il y avait pas mal de textes. Mais c'est tant mieux si tu ressens ça. »

« Eurostar » est par exemple une chanson très importante entre votre musique et le sujet abordé ?

Vincent Ségal : «La maison de disque ne voulait pas qu'on la mette. Justement, par rapport au texte et la manière dont Magic Malik chantait. Sur un sujet grave, on voulait montrer qu'il y avait une manière d'amplifier une tristesse en montrant un coté brillant. Un peu comme dans un opéra bouffe. Nous ne voulions pas faire un pamphlet à la manière de la chanson réaliste française que je n'aime pas du tout. »

Enfin, voyez vous, comme moi, Bumcello comme un groupe politiquement incorrecte ?

Vincent Ségal : «Oui ! On fait tout pour. Dans notre manière d'aborder les disques, les concerts. On ne rejoue pas nos chansons sur scène, on enregistre avec des gens qui ne sont pas là avec nous tout le temps. Il y a des gens qui sont très éloignés de nous, comme Air, et pourtant politiquement, je respecte leur façon de bosser. Esthétiquement nous sommes à l'exact opposé mais d'une certaine manière, nous avons comme eux pour but de faire ce que nous voulons en nous faisant plaisir. Costello est dans cet esprit. Ce n'est même pas de la remise en question c'est juste de la curiosité.»