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Elysian Fields
 

par Paul Cordahi (27/02/09)

 
Extrait en musique

 

 
Article par I-Muzzik

 

Dans l’afflux incroyable des plus ou moins bonnes nouveautés, il y a les artistes que l’on découvre via de nouveau médias, qui sonnent bon la révolution Internet, ceux qui suivent les lignes de conduite du moment, résolument folk/rock depuis un an, et les intemporels. Dans cette dernière catégorie, on retrouvera quelques dinosaures, AC/DC, Gun’s & Roses ... , dont la souhaitée sortie de caverne ne passe jamais inaperçue, et les indépendants dont la sortie sera tout autant attendu, mais par un public moins nombreux et plus averti. Jenifer Charles et son inséparable acolyte, Oren Bloedow, plus connus sous le nom de scène Elysian Fields, en sont de parfaits représentants. Leur rencontre s’est passée autour d’une discussion sur le Jazz en 1995, et depuis, l’élégance, l’esthétisme et la poésie de leurs albums en ont fait une formation à part, ne trahissant jamais leur style et leurs convictions pour quelconque mouvement de mode. Les principales singularités de ce groupe seront les textes hautement réfléchis, lunaires et poétiques de Jenifer, sa voix effleurée comme si elle nous chuchotait a l’oreille, et la forte consonance Jazz apportés par les séries d’accords « recherchés » et bien vus de Oren.

Cette rencontre est pour moi un évènement inattendu et bien heureux, et pour ne rien gâcher de mon plaisir, elle a lieu dans le très chic Hôtel Hilton Arc de Triomphe (rien que çà !)...

Pourrais tu m’éclairer sur ton processus de composition ?

C’est assez difficile de le disséquer. En cadre général, je trouve une mélodie à la voix, puis vient un texte. La musique vient avant ou après, çà dépend. Il n’y a pas de processus « chirurgical ».
L’écriture des textes se fait de manière très personnelle, et généralement le soir.

Il y a beaucoup de poésie dans tes textes, quelle part d’implication personnelle y a t’il dedans ?

La part de « vie personnelle » dans mes textes tu veux dire ? Elle est entière, tous mes textes font entièrement parti de moi et je fais entièrement parti de mes textes. Tout de moi est source d’inspiration, en particulier mes rêves et mon imagination.

Pourrais-tu parler de toi de manière plus « directe » dans tes textes ?

Ça dépend des morceaux. Certains vont demander une interprétation poétique et enrobée des choses dont je veux parler, qu’ils touchent à ma vie privée ou non, et d’autres vont pouvoir assumer une approche plus directe.

Est-ce que la poésie n’est pas un pare-feu à une exposition personnelle ?

Je ne pense pas. Penses-tu que Shakespeare ou Baudelaire ne parlaient pas d’eux-mêmes ? Être poétique, c’est juste utiliser différentes variations de couleurs complexes qui donneront un rendu expressif. La poésie est au bout du compte juste la représentation de la complexité de la vie et des sentiments.

D’où t’es venu la volonté de parler de « vie après la mort » ?

Je suis à un moment de ma vie où j’ai le sentiment d’arriver au bout de pas mal de choses. Tu peux avoir plusieurs morts dans une vie. Tu sais, on dit bien que les chats ont 9 vies ! Je suis très proche de cette vision des choses. La vie, la mort et la réincarnation étaient des croyances très présentes à l’époque en Egypte. Le sphinx représentait l’élément qui te rappelait du monde des morts pour revivre une autre vie.
Mais il ne faut pas oublier que tu repasses la porte de la vie avec tout ce que tu as pu faire dans ta vie antérieure, pour revivre avec. Tout ce que tu fais « t’appartient ». Tu peux revenir, mais ta vie d’avant est toujours avec toi.

Quelles sont les idées que tu as eues envie de développer au sujet de la « vie d’après » ?

Je ne déroule pas tous mes textes autour d’un thème. Ce n’est pas comme ça que je fonctionne. Par exemple, pour faire un parallèle avec la peinture, je ne fais pas partie des peintres qui veulent peindre la guerre en se disant qu’il faudra des armes, du sang... Chaque morceau est un univers en soit. Le titre arrive à la fin, quand tout est enregistré.

Cet album explore encore plus la profondeur de la musique Jazz qu’auparavant. Y a t’il une raison particulière a cela ?

C’est ce que nous sentons en ce moment. Il n’y a rien de préméditer. C’est venu comme ça. On a eu effectivement une sensibilité Jazz encore plus développée pour cet album que pour les précédents.

Les groupes de Brooklyn ont la cote en ce moment (MGMT, Animal collective...), vous sentez vous proche de cette actualité ? Pensez vous à certaines collaborations ?

Bien entendu. On est « dedans » depuis longtemps. On fait parti d’une communauté qui se connaît bien. Par contre, pour le moment, aucune collaboration n’est en vue.

Qu’en est il de votre projet « La Mar Enfortuna » ?

Ce projet est très différent de ce que l’on fait au sein d’Elysian Fields, et ce projet à une vie à part entière, sans aucune interférence avec Elysian Fields. D’ailleurs, un nouveau CD de « La mar Enfortuna » est sorti il n’y a pas longtemps (« convencia »).

Qu’en est il de ton travail avec Jean Louis Murat?

Ca a été un plaisir de travailler avec Jean Louis. En fait, après avoir travaillé brièvement sur « Mustango », c’était lui qui m’avait contacté pour travailler sur son projet suivant. Mais actuellement, il n’y a rien en cours avec Jean Louis.

On peut dire que tu as une relation particulière avec la culture française. Peux tu m’en dire plus ?

J’adore la musique de Serge Gainsbourg. L’art, la culture et la musique française sont vibrants, excitants, passionnants. Je m’en sens très attiré.

Autant qu’à celle américaine ?

Je ne mesure pas la culture par comparaison. On a des choses très bien aux Etats-unis aussi. C’est comme si je te demandais de me dire si tu préfères embrasser telle ou telle personne !

(là, je coupe un peu mon compte rendu, mais on a bien rigolé...)

On a vu beaucoup de musiciens défendre des opinions politiques. Penses tu que cette démarche puisse empiéter sur la démarche purement artistique ?

Pour répondre à ta question, je dirais plutôt que l’art influence la culture, et donc aussi les orientations politiques que pourraient prendre les gens. Regarde les 60’s : Bob Dylan, John Baez... ils ont influencés ce qui s’est passé. Après c’est un choix de chacun de s’engager ou non. Quand c’est bien fait, ça peut tout à fait être de l’art.
Par contre, personnellement, je n’écris pas de texte « directement » engagé. Mes opinions politiques font partie de moi et de ma façon de vivre, donc une part d’eux est forcément contenue dans mes textes.

Quelles sont actuellement les artistes que tu écoutes, qui t’inspirent...?

En français, il y a principalement Alain Bashung. Sinon, je n’accroche pas avec la culture pop. Je n’en écoute pas, qu’elle soit française, américaine ou d’ailleurs.
Je suis comme une archéologue, je découvre constamment le passé. Je lui trouve un intérêt et un sens bien plus profond que la culture pop. J’écoute beaucoup de musique classique et de Jazz. Mes sources d’inspirations sont aussi les « vieux » poètes et peintres.