Mayer Hawthorne a grandi à Ann Arbor, dans le Michigan, juste à côté de Detroit, et il se rappelle distinctement, alors qu’il était enfant, être en voiture avec son père et écouter à la radio la riche histoire de soul et jazz produite par la région. « La plupart des meilleures chansons jamais réalisées viennent de Détroit » affirme le chanteur, producteur et multiinstrumentiste qui compte Isaac Hayes, Leroy Hutson, Mike Terry, et Barry White parmi ses influences, mais qui tire pour beaucoup son inspiration de la musique de Smokey Robinson, de Curtis Mayfield, et du légendaire trio de composition et production Lamont Dozier, Brian Holland, et Eddie Holland Jr.
L’étiquette ‘retro’ est collée à quasiment tout travail contemporain qui semble avoir été enregistré entre 1966 et 1974, et Hawthorne, l’un des derniers contributeurs au genre, a bien conscience des effets de mode. C’est un ami commun, Noelle Scaggs de Rebirth, qui a présenté sa musique à Peanut Butter Wolf, le boss du label Stones Throw, alors sceptique. « Il m’a présenté deux chansons et je ne comprenais pas ce que j’écoutais » se souvient Wolf. « Je lui ai demandé si c’était de vieux morceaux auxquels il avait fait des re-edits – je ne pouvais croire qu’il s’agissait de nouvelles chansons et qu’il en avait joué tous les instruments »
Et après s’être rencontré en personne, c’était encore plus difficile pour Wolf de croire que Hawthorne assurait aussi le chant. Peu pourraient s’attendre à ce qu’une musique de cet acabit, aussi profonde et sincère, puisse venir d’un petit blanc de 29 ans ayant grandi à Ann Arbor, mais il a réussi a attirer l’attention de Stones Throw, et également celle de Gilles Peterson sur BBC Radio 1 et du producteur et DJ Mark Ronson. Les espoirs placés sur cet accroc aux vinyles qui n’avait jamais prévu de séduire le public sont élevés. Avec son chant en voix de tête et sa production breakbeat, le premier effort d’Hawthorne “Just Ain’t Gonna Work Out” rappelle à la fois Smokey et J Dilla – de façon égale “The Tracks of My Tears” et “Fall in Love.” « C’est soul » explique-t-il, «mais c’est nouveau »… |
