Objet d’un culte que rien ne vient brouillé et dont elle se fout éperdument, Patti Smith est une héroïne de tous les instants, une icône de l’histoire du rock. A la manière d’un Lou Reed, d’un Dylan, d’un McCartney, elle a marqué son époque, elle a obnubilé plusieurs générations d’artistes et continue aujourd’hui de faire des disques qui vont au-delà de tous soupçons, de toutes critiques. S’il est évident que Patti Smith ne nous offrira plus des opus qui changeront la petite histoire du rock, si « Horses » demeurera obligatoirement sans descendance, c’est que Patti Smith appartient au passé, sans que cela n’est rien de désobligeant. Ses disques récents dont « Trampin ‘ » qui nous intéresse plus particulièrement ici, sont constamment des beaux albums, intransigeants, honnêtes, fabriqués avec amour et espoir. « Trampin’ » est un bon disque, avec juste ce qu’il faut d’électricité, de rage, de révolte et d’accalmies. Patti Smith est en bonne forme. Pourtant, même si elle demeure au-dessus du jeu des comparaisons, même si on peut avoir tort de préférer les enfants (non) naturels au modèle original, il est fort à parier que pour écouter un disque de Patti Smith à la hauteur de son passé, on attendra impatiemment le nouveau PJ Harvey. Car, quoi qu’en pensent les gardiens du temple, désespérément accroché à une jeunesse définitivement révolue, à choisir aujourd’hui entre le bon « Trampin’ » et les fondamentaux disques de Polly Jeanne ou de Cat power, on préférera les seconds. Mais, en prenant l’ensemble, on n’en sortira que plus heureux, un pied dans la passé et deux dans le présent. |
