Disque lumineux, définitif dont le nom résonnera encore et toujours comme un chef d’œuvre de l’ombre, un album qui, dans son coin, a changé la face de la musique, ouvrant la porte à tout un pan du rock, celle des faux-branleurs, vrais génies mélodiques, capables de nous transporter en trois accords trébuchants voire dissonants. Dans leurs genres respectifs des titres comme « Silence kit », « Cut your hair », « Range life » et « Filmore jive » sont des petits bijoux de réinterprétation du rock, de la pop, du folk. Et ceux qui ne sont pas cités n’en sont pas moins incroyables et inépuisables. « Crooked rain crooked rain » deuxième album de Pavement,est aussi un album de jazz, constamment sur la brèche entre mélodie cérébrale, invention formelle, invitation à la méditation sonore, sens du rythme imprévisible et de la fausse improvisation (vraie rigueur). C’est un disque au-delà des genres, un disque trans genre qui fait du rock non pas un but à atteindre mais un vecteur pour accomplir l’acte artistique. Pour toutes ces raisons, mais aussi pour son esprit libre, libertaire, foutraque et patraque, ce disque restera dans l’histoire, fera date et référence ou alors l’histoire ne pourra plus rien nous apprendre hormis la servitude, et il ne servira à rien de l’étudier dans tous les cours de musiques, officiels et officieux. « Crooked rain crooked rain » est aussi tout simplement un des disques de la décennie 90. Il sera réédité et agrémenté de belles surprises en 2005. |