Parmi les monstres méconnus de l’électronique, ceux pour qui il n’existe pas de limites au champ des possibles, même si leur gloire se résume en général à une grosse effervescence critique, Rubin Steiner est peut-être le plus anonyme, celui dont seuls les disques comptent. Et « Drum major ! » est un disque énorme, un disque en or, un de ceux pour lequel on doit se battre pour en percer la majorité des secrets. Secrets qui ensuite ne nous quittent plus et que l’on rechigne à partager tant leurs mystères semblent être fait pour nous et uniquement pour nous. On ne s’étonne donc plus à l’écoute de « Drum major ! », du manque d’engouement commercial pour Rubin Steiner, car, si chacun réagit à notre manière, et qu’il garde bien au chaud et seulement pour lui ce disque incroyable, le bouche à oreille ne peut fonctionner. « Drum major ! » est avant tout un disque de hip-hop, de rock et d’électronique éclectique (« Your life is like a Tony Conrad concert », « Put your horn in your ass and pull off ») et intime dont la cohérence interne se fait non par des sons et des mélodies toutes différentes les uns des autres mais par un univers. Comme si les morceaux de « Drum major !» étaient des corps astraux (« Murderation »), une planète, des étoiles et comètes, des astéroïdes (« Universe »), un quasar et un trou noir, des satellites de différents composites (« Ten drummers back »), l’ensemble baignant dans un éther. Cet éther constituant étant l’univers de Rubin Steiner, un univers dans lequel on se baigne avec force et puissance, avec plaisir et jouissance. En conclusion, entre M83 et Rubin Steiner, l’électronique Française se porte à merveille. |