Magnifique de foisonnement et de sécheresse à la fois, de candeur et de profondeur, « Ys » est un disque déchirant et unique, une singularité non dérivable, à peine déchiffrable dont nous ne parvenons pas à décrocher. En cinq titres, de onze minutes chacun en moyenne, cette fée quasi irréelle touche tour à tour à la grâce infantile et à la perversité adulte, elle nous offre de la lumière et de l’ombre (« Sawdust & diamonds »), de la grandeur et de la discrétion, tout ce qui fait son univers, tout ce qui fait notre monde. Son écriture tordue, sa voix vibrante, ses cordes vivantes (« Emily »), ses histoires intenses, sont autant d’ingrédients de mets exquis et épicés et dont elle seule connaît la recette. Le partage n’est pas un mot connu dans la scène néo-folk US aux contours non définis. Si chacun(e) aide son prochain, si tous appartiennent à la même famille spirituelle, chacun possède sa propre formule, son art mineur, pour nous toucher avec force. D’Antony à Jana Hunter en passant par les Coco Rosie, Devendra Banhart, nous aimerions tant pouvoir participer à leur fête, nous nous contenterons d’écouter leurs disques extrêmes et de partager avec elles (eux), un incroyable moment de bonheur. « Ys » de Joanna Newsom est le bonheur irraisonné, quasi Bjorkien, du moment. |