Groupe : She & Him

Producteur : Non disponible

Distribution : Domino

Année : 2008

Genre : Pop 60's

Je pourrais commencer très sobrement cette chronique en disant que She&Him est le projet de l’actrice américaine Zooey Deschanel épaulée par le guitariste Matt Ward, mais ça serait une entame un peu sèche. En fait ça ne serait pas rendre hommage à ce « Volume One » très réussi qui n’a rien de ces entreprises opportunistes de divas asservissant des musiciens talentueux pour servir leurs caprices. Et puis ça serait occulter ma subjectivité car il faut bien l’avouer, ayant été troublée par la beauté (Ah ces grands yeux !) de l’actrice dans le « Phénomènes » de Shyamalan, ayant beaucoup aimé la musique de She&Him et n’ayant pas fait le rapprochement immédiatement, je suis un peu troublé depuis que je me suis rendu compte que la demoiselle était l’auteur de cette petite merveille de pop nostalgique. Comme dans les pages de notre webzine nous ne sommes guère portés sur les mièvreries people (officiellement, parce qu’en coulisse ça cancane pas mal) et comme nous n’avons pas vocation à exposer les états d’âmes de chroniqueurs aux vies affreusement banales au demeurant, je ne m’étendrais pas plus sur les émois suscités par cette star en devenir. Volume One est une merveille de pop nostalgique disais-je, il a ce parfum doo-wop léger et insouciant des girls groups des années 60 style Ronettes ou Crystals avec en plus une ouverture vers une gamme très large de styles allant de la soul au folk en passant par la country et le cabaret. Sur de nombreux morceaux, un mur du son à la Phil Spector porte la voix mais celle-ci n’est jamais noyée dans cet écrin. D’ailleurs sur les morceaux plus intimistes elle prouve qu’elle n’a aucun défaut à cacher et tire largement son épingle du jeu. L’artificier Matt Ward est de la partie. On commence à bien connaître ce musicien folk incroyable, plus pour ses collaborations prestigieuses (Cat Power) que pour ses disques folk qui valent pourtant le détour. Ici, sa guitare menaçante subvertit l’édifice rétro, elle apporte une touche de modernité qui rappelle un peu le travail opéré par Jack White sur l’album de Loretta Lynn. Hormis le duo avec l’acteur Jason Schwartzman (« Sweet Darlin’ »), des reprises des Beatles (« I should have known better ») et de Smokey Robinson («« You really got a hold on me »), toutes les compositions sont signées Zooey Deschanel, ce qui ne laisse de surprendre tant il y a là-dedans une maturité qu’on jurerait émanant d’une musicienne plus expérimentée. Au cas où vous seriez suspects quant à la partialité de mon jugement et au sérieux de l’oeuvre, sachez encore que le duo est apparu sur le plateau télé de l’émission « Late Night » avec un groupe derrière eux qui n’était autre que les cultissimes Yo La Tengo. Comme caution, c’est pas mal. Evidemment les profanes demanderont « qui ça ? » mais les connaisseurs apprécieront.