J'aime Noël. Enfant, c'était le moment le plus merveilleux de l'année. J'aimais les décorations dans les rues, le sapin, les guirlandes, la crèche, la messe de Noël où on s'époumonait sur "il est né le divin enfant", le repas avec les cousins, et puis les cadeaux. Si je remonte plus loin dans le temps, au tout début, j'avais peur du Père Noël. C'est depuis que Monsieur Quiviger, habillé en père Noël, a essayé de me faire une bise lors d'une soirée de fin d'année dans la salle de spectacle du collège où bossaient mes parents. Qui était donc cet inconnu effrayant? Au réveillon, chez mes grands-parents, j'attisais le feu dans la cheminée pour que cet enfoiré de Père Noël ne puisse pas se pointer dans la maison. Aujourd'hui j'aime toujours Noël, même si la part de rêve a disparu. Reste la famille, la bonne bouffe et les cadeaux. Je sais que je vais mettre ce disque en fond sonore lors du prochain réveillon. Ça se rapproche. Malgré tout, je tique toujours un peu devant le concept de "disque de Noël". C'est très anglo-saxon, tout le monde s'y colle. Même Dylan a chanté Noël. Franchement, je peux fantasmer devant un disque sur l'apocalypse, mais Noël? Est-ce que ce n'est pas un peu cucul? Aurais-je aimé écouter Bashung ou Gainsbourg reprendre "petit papa Noël"? Ça ne fait pas rêver. Quoi que sur youtube on trouve une version de "petit papa noël" par Siouxie & the Banshees qui laisse rêveur,... Donc j'ai tiqué sur l'idée de l'album de Noël par She&Him. J'ai éprouvé une pointe de déception, dans ma tête, en récupérant ces chansons, je me suis dit : "mince, ce n'est pas un vrai album de She&Him". Je dois dire que la gêne ne disparaît pas totalement à l'écoute de l'album. Je n'arrive pas à me défaire de toute la panoplie de Noël qui défile dans ma tête. Mes propres images de Noël parasitent la perception de la musique. Malgré cela, le charme opère quand même car on a bel et bien affaire à du She&Him. Je voudrais bien avoir Zooey Deschanel pour me chanter des comptines de Noël au coin du feu le soir du réveillon. Je me passerais bien plus volontiers de Matt Ward au coin du feu mais sur disque, il est évidemment indispensable. C'est un miracle que ces 2 là se trouvent comme ça. Elle, la belle à la voix de velours, plus que jamais dans la lignée de Billie Holiday. L'accent est mis sur les balades romantiques et mélancoliques. On retrouve moins le côté Ronettes des autres albums. Billie, oui, c'est la référence qui s'impose. Avec un peu moins de fêlure, un peu moins d'ombre. Ici l'atmosphère est moins dramatique, plus légère, plus optimiste. Et Lui, Matt Ward, avec son son de guitare assez racé, aristocratique, joue son rôle à merveille. C'est le digne frère spirituel de Richard Hawley. Sa musique me fait penser à une fine pluie de printemps. Je crois que ce disque de She&Him peut (comme les autres) procurer une certaine forme de joie. Une joie simple, paradoxalement mélancolique, une joie apaisée. Les chansons parlent de choses tristes, mais c'est comme si cette tristesse était sur le point de se désintégrer devant un bonheur imminent qui la transcende. Cette tristesse là fait du bien. C'est une promesse de beaux lendemains. Alors au diable Noël, on peut bien filtrer le mot dans les chansons pour ne garder que leur douceur et leur beauté. |
