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Sharko et Heidi (Marseille)
 

par Harry (06/02/05)

 
Extrait en musique

 

 
Article par I-Muzzik

 

Après un agréable moment passé en compagnie de Sharko dans leur van, pour une interview un rien bordélique, rien de tel que de les voir sur scène au Poste à Galène (Marseille) pour clôturer la soirée, et nous convaincre que Sharko est définitivement un groupe attachant, un groupe ami qui nous veut que du bien.

Bière à la main, dans l’attente de David en maître cérémonie halluciné, Teuk en guitariste très classe, et Jules en métronome avisé, la première partie prend place. Ils sont quatre, ils sont Marseillais et comme beaucoup de première partie, ne nous font pas vraiment à leur entrée, lever la tête. Bien mal nous en prend. Car Heidi (c’est leur nom), c’est pas mal du tout. C’est même bien plus que ça.

Alors on reprend dès le début. Heidi, c’est quatre types qui échangent en permanence les rôles et les instruments (sauf le batteur bien sûr bien calé derrière ses futs). En quelques morceaux très psychédéliques et quelques entre-morceaux presque autant psychédéliques tant ils ont du mal à les meubler, Heidi parvient à nous convaincre pleinement qu’ils ne sont pas sur scène par hasard, que derrière un jeu approximatif, derrière quelques ratés, ils ont de vrais titres, qu’on ne demande qu’à découvrir sur disque, pour confirmer notre bonne impression. Leur musique varie entre formidable électro-pop assez proche de Air, et post-rock aérien et lancinant. Le tout dans des tourbillons sonores et des effets spécieux qui prennent de l’ampleur au fil des morceaux. Heidi s’impose et en impose.

Le final est un feu d’artifices post « un peu tout » qui donne vraiment envie d’en savoir plus sur Heidi. Ce sera bientôt une chose faite car on a réussi à avoir un maxi CD que le groupe vendait sur place à un tarif très réduit.

Une fois le matériel d’Heidi démonté et celui de Sharko monté, le trio Belge arrive, enfin, avec l’évidente envie de se donner en spectacle, l’évidente envie de tout donner une fois encore. Car Sharko, contrairement à ce qu’on pourrait penser à l’écoute de leur très réussi « Sharko III », c’est avant tout du divertissement, c’est beaucoup d’humour, c’est un défilement de blagues (pas toujours très bonnes) et c’est surtout trois types, qui malgré des morceaux incroyables ne se prennent jamais au sérieux, ne regardent jamais le public de haut. David malgré tout son amour pour Hollywood, ne joue pas un rôle. C’est un vrai comique, un personnage de cabaret un peu gauche, un peu étrange aussi.

Dans un surprenant set très rock, avec un son raide et dur, par rapport à leur image presque arty, Sharko enchaîne les morceaux, tous très mélodiques, tous très réussis. Des morceaux qu’ils instrumentalisent à la perfection comme de petits sketchs ironiques comme de petits jeux dans un théâtre de boulevard. Entre « Y.M.C.O » repris en cœur par la salle, un « Spotlite » magique qui résonne comme dans une cathédrale pop sans prêtre pour gêner les sens, un « Excellent (i’m spécial) » très rock’n’roll, le concert prend de l’ampleur, le ton monte et David, seul membre de Sharko en avant, se transforme en bête de foire pour un concert qui devient spectacle intimiste et minimal avec ce supplément d’âme, cet aspect de clown triste. Avec deux morceaux de chiffons, il séduit la centaine de personnes présente dans la salle.

Puis viennent « President », « Rippoff » et bien d’autres titres d’une belle efficacité qui démontrent, comme si c’était encore utile, tout le talent et le potentiel de Sharko. Mais, ce qui marque le plus, ce qui restera longtemps gravé, c’est cette image de David en patachon lumineux, plein de force créatrice, au point de devenir une sorte de schizophrène naïf capable en deux minutes de faire parler une chaussure et de vouloir signer des autographes sans trop y croire.

Et lorsque Sharko reprend « Pride (in the name of love) » de U2 de façon presque acoustique avec calme et maîtrise, le sens de Sharko sur scène prend enfin pleinement forme. Ils sont les U2 du pauvre, des U2 avec une âme et de l’ironie en lieu et place du vide et de l’image. Pourvu qu’ils ne changent pas, nous perdrions beaucoup.

Harry.