Recherche

 
 
Dmitry Evgrafov - Collage
 
Sonic youth - Simon Werner a Disparu
 
Lontalius - I'll forget 17
 
Jori Hulkkonen - Man From Earth
 
Young Man - Boy
 

Depeche Mode - One night in Paris

 
 
Jeronimo
 

par Pierre Derensy (04/12/05)

 
Extrait en musique

 

 
Article par I-Muzzik

 

L’actualité de Jéronimo s’appelle « 12h33 », il vient de sortir chez nous et a déjà fait un petit bout de chemin en Belgique. Ce garçon étant un moyen de décomplexer la scène wallonne de sa concurrente Flamande (Vénus, Deus), il chante en français tout en utilisant le melting-pot culturel bien vivant chez nos amis belges pour nous permettre de trouver des références chez Bowie, Godspeed You Black Emperor ou même chez Daho quand l’envie lui vient d’apaiser les esprits.

Apparemment tu as composé « 12 h 33 » lors de la longue tournée pour défendre ton premier album ?
Jéronimo : « Disons plutôt que ce nouveau disque est très imprégné de cette première tournée. Il y a beaucoup de chansons qui ont effectivement été écrites un peu n’importe où quand tu te retrouves à devoir attendre avant un concert ou pendant le trajet qui t’emmène à la salle de spectacle. L’impression générale, je le vois fort comme un road-record. Cela se ressent aussi dans le visuel qui se passe loin de l’Europe. Il y a une espèce de mouvement qui m’est très cher.»

L’album ressemble beaucoup plus à tes prestations live, un album plus organique que le précédent ?
Jéronimo : «Je l’explique du fait que je l’ai enregistré avec toute l’équipe qui m’avait suivi pour les concerts. Nous l’avons vraiment fait ensemble. Le premier je l’avais bidouillé tout seul alors que celui là j’ai bidouillé une partie seul pour ensuite aller en studio avec Sacha et Thomas donc basse-batterie et Philou notre ingé-son en concert qui se chargeait d’enregistrer. Le son est plus ample. Tout est joué ou quasiment. Cela reste malgré tout assez calme par rapport aux concerts.»

En demandant à tes musiciens de venir te prêter main forte sur ce disque cela a t’il changé quelque chose de fondamental dans ton approche créatrice ?
Jéronimo : «C’est une bonne question (rire). Non je ne crois pas. Fondamentalement non. Au contraire quelque part ça me conforte même dans la complexité de faire un disque. Ce qui était bien c’est que c’était le contre-pied de la réalisation du premier CD. Je me suis retrouvé dans une notion d’apprentissage. Des choses prépondérantes et viscérales qui ne s’étaient pas posée à moi dans le passé. Sur le moment cela a même été perturbant. Ca n’a pas été une partie de plaisir d’enregistrer ce disque. Ici ce fut mouvementé de toute part. Fondamentalement l’album je dois l’entendre avant de le proposer au reste du groupe. Je dois imaginer à quoi telle ou telle chanson doit ressembler.»

Ce nouveau disque est moins ‘single-isable’ si tu me permets l’expression ?
Jéronimo : «On s’est retrouvé à la fin des sessions avec 25 titres. Il y avait énormément de choses différentes les unes des autres. Le choix des morceaux fut le dernier casse tête du projet. La Set-List est d’ailleurs distincte en France ou en Belgique. C’est très complexe. Cela vient du fait qu’il y avait une foule de choses enregistrées qui sonnaient bien aux oreilles de tout le monde. On pouvait faire un album soit très pop, soit un disque très fermé avec des instrumentaux et des triptyques avec des textes abstraits. On aurait pu faire aussi un album en anglais ou un truc totalement acoustique. On a donc opté pour une espèce de mosaïque car nous n’arrivions pas à les séparer. Toutes ces influences allaient de paire. L’album est donc éclaté.»

Tu as aussi pris conscience et confiance en ta voix ?
Jéronimo : «C’est très curieux car fin des années 90 j’avais un autre contrat avec un autre label où je faisais un peu le même boulot, c’est à dire que j’écrivais et je faisais la musique, mais comme je chantais en anglais là je n’avais pas peur de poser ma voix. Quand je suis passé au français peu de temps après je n’ai pas su exploiter ma voix. Je préféré le talk-over. Il a fallu le premier album et la tournée ensuite pour que tout doucement je puisse arriver à chanter naturellement.»

Ton écriture reste par contre éternellement sous tention ?
Jéronimo : «C’est clair. J’y travaille. Je veux contrôler et affiner mon écriture. J’écris beaucoup de choses et je rature beaucoup aussi. C’est la première fois dans l’histoire de Jéronimo que je prend des angles divergents avec les mêmes mots. J’ai besoin de travailler lentement pour peaufiner mes textes.»

« Corrina, Corrina » a un accent plus roots que le reste ?
Jéronimo : «Je n’ai pas ressenti ça comme une prise de risque. C’est l’un des rares titre de l’album qui fut enregistré dans le sourire. C’est une chanson très claire dans mon esprit. C’est une chanson qui fait rire et je crois que c’est une de mes préférées sur le disque. L’une dont je me sens le plus fier. Comme ce ne sont pas mes mots, que c’est une reprise, je suis plus détendu, moins à l’affût du truc qui me dérange. J’adore le son qu’on a fait sur cette chanson. Cela me rappelle fort le ‘Blonde On Blonde’ de Dylan même si c’est prétentieux de me comparer à Dylan (rire).»

Tu n’hésites pas à parler de tes influences quand tu parles de tes morceaux ?
Jéronimo : «Il y a comme ça des artistes qu’on se plait à étudier et qui nous apprennent beaucoup de choses. Dylan en est le meilleur exemple. Faire une reprise par contre c’est se confronter à un cliché.»

« Avoir un Petit » c’est du vécu ?
Jéronimo : «C’est purement de l’observation ! Celle la je ne voulais pas la garder pour l’album.»

Qui a fait le choix alors finalement ?
Jéronimo : «Nous l’avons fait tous ensemble. Je n’étais pas en postion pour choisir moi même alors que normalement cela fait partie de ma chasse gardée. J’étais tellement dans une situation nouvelle que j’ai eu besoin d’aide. J’étais inquiet par rapport à l’attente. C’était mon « premier second album ». Il me fallait des éclairages contradictoires.»

Pourquoi avoir voulu terminer l’album par un instrumental de plus de 8 minutes ?
Jéronimo : «C’est un clin d’œil aux groupes que nous écoutions au fil de la réalisation du disque. Je voulais aussi faire rappeler l’univers nord-américain. C’est un morceau gratuit. Je le trouve plus beau que « Mes Mains qui Tremblent » par exemple du fait de sa générosité non calculée.»

Tu pourrais te passer de paroles sur tout un album et être ravi du résultat ?
Jéronimo : «Oui bien sur mais cela n’aurait pas lieu de s’appeler Jéronimo. En fait c’est une question de sons plus que de textes ou de mélodies. Ce n’est pas une question d’arrangements ou de couleur musicale.»

Après deux albums arrives tu encore à te situer ou alors est ce le foutoir total dans ta tête ?
Jéronimo : «J’avais déjà un peu du mal avec le premier (rire). J’étais d’accord avec les artistes auxquels on me raccrochait mais cela ne m’avançait pas vraiment. Et là encore moins. Je me rends compte que mon disque est difficile. Il faut plusieurs écoutes avant de l’apprécier. Ayant du mal à situer ce que je fais je peux comprendre que les gens qui m’entendent soient dans le même état. La grosse question qui revient toujours c’est ‘Est ce que je fais cette fois ci un album homogène sans changement de direction ?’ mais d’un autre côté moi ce qui me plait c’est cette impression de voyage. Dans « 12h33 » je peux te dire qu’on ne revient jamais musicalement dans un style, il n’y a aucune redondance.»

Tu es donc déjà en train de préparer un nouvel album ?
Jéronimo : «Oui. Car l’album qui vient d’arriver en France est dans les bacs depuis mars en Belgique. J’ai fait ensuite une tournée en France, en Belgique et en Suisse et là je sens qu’il faut absolument que je me mette à enregistrer. Je ne veux pas me laisser de temps mort. J’ai 2 mois devant moi pour faire les fondations. (rire) C’est important d’avoir de bons plans.»

Tu es passé de Capitol à V2, pourquoi ce choix ?
Jéronimo : «Je repartais de zéro quand Capitol m’a rendu mon contrat. Ce qui fait que pour une question de timing on a décidé de démarcher les maisons de disques après avoir réalisé ce nouveau disque. On a appris qu’Alain Artaud qui m’avait signé chez Capitol se trouvait chez V2 et que son directeur artistique était le même donc c’est logiquement que nous sommes allés là-bas en premier et sans hésiter ils nous ont signés. Cela m’a très touché de me retrouver sur ce label avec Deus, Vive la Fête, Zita Swoon… Je suis toujours intimidé quand je vois leur catalogue et de me retrouver la-dedans.»

Pour terminer, Jeronimo est la référence en Suisse romande pour les systèmes d’encaissement par cartes de crédit et de débit, est ce que cela te rapporte quelque chose ?
Jéronimo : «Ha bon, non je n’étais pas du tout au courant. C’est toujours bon à savoir. (rire)»