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The Ghost In Daylight
 

Fiche technique

Groupe : Gravenhurst

Producteur : Non disponible

Distribution : Warp

Année : 2012

Genre : Folk

Autres albums : Flashlight seasons | Black holes in the sand | Fires in distant buildings |  

 

Chronique i-muzzik.net ( Adrien Lozachmeur )

 

D. m'a fait remarquer l'autre jour que ça faisait longtemps que je n'avais pas écrit quoi que ce soit. Effectivement. Mais il faut dire que je n'avais pas grand chose à dire. Pourquoi encombrer l'univers de mots inutiles? Il y a suffisamment de critiques comme ça, je n'avais pas à me forcer à écrire sur des disques tout juste sympas. Mais l'interpellation m'a quand même électrisé. En fait ça faisait quelques semaines que je pensais à mon retour aux affaires. Car cet été j'ai redécouvert Gravenhurst, un groupe qui n'en n'est pas vraiment un puisque derrière ce patronyme se cache un songwriter génial mais hélas trop méconnu : Nick Talbot. Je dis « redécouvert » car je dois bien l'avouer, j'étais passé un peu à côté il y a quelques années. En 2007, j'avais écouté « western lands » d'une oreille distraite, ça m'avait plu mais je n'avais pas approfondi le sujet. J'avais relégué l'objet dans un recoin de ma mémoire aux côtés de tous ces disques superbes qu'on ne fait qu'effleurer par manque de temps ou parce que sur le coup on n'arrive pas à les distinguer de la masse incroyable de musique qui nous tombe dessus à chaque instant. C'est JM qui m'a rappelé Gravenhurst il y a quelques mois. Je me suis alors souvenu de ce « western lands », j'ai retrouvé la saveur de quelques émotions, et j'ai soudain eu le sentiment qu'il me fallait repartir à la découverte de cet album. Alors durant tout l'été j'ai réécouté « western lands ». Il faut croire qu'il y a un temps pour tout. Ah comment avais-je pu passer à côté de ça! Bon en fait c'est quelque chose que je comprends tout à fait, parce qu'en 2007, le folk ne m'intéressait pas tant que ça, j'avais plutôt accroché sur le côté noisy de morceaux comme « trust ». En 2012 j'étais donc enfin mûr pour accepter entièrement l'album. C'est une merveille, un disque précieux. Nick Talbot y conjugue parfaitement son talent de songwriter folk et son goût pour les ambiances plus bruitistes. Comme si Elliot Smith ou Nick Drake jammaient avec Yo La Tango ou My Bloody Valentine. J'ai écouté ces chansons en boucles depuis 3 mois. Et après ça, j'ai acheté l'intégrale de Gravenhurst, dont ce « ghost of daylight » paru cette année. Il n'est pas trop tard pour en parler. Je passe sur les plus anciens « flashlight seasons » et « fires in distant buildings » qui valent également le détour. « Ghost of daylight » donc. Le premier constat qui s'impose c'est que Nick Talbot est revenu à l'approche folk des débuts. On ne retrouve pas ici les aspects noisy de « western lands ». Mais en fait on s'en fout, parce que les chansons sont tellement merveilleuses que l'enrobage est secondaire. Je n'échangerais pas cet album contre l'intégrale de Nick Drake ni même contre celle d'Elliot Smith. Il y a quelque chose chez ce mec qui me touche profondément, je ne sais pas d'où ça vient. Tout à l'heure je regardais des photos de Talbot et je trouvais que sous certains aspects on se ressemblait. Je suis un peu joufflu comme lui et moi aussi j'ai eu des problèmes de frange. Mais je suis plus maigre que lui et puis j'étais déjà touché avant de voir les photos donc tout ça dépasse la simple coïncidence physique. Au passage je tiens à signaler que j'ajoute désormais Nick Talbot à mon panthéon des musiciens joufflus qui m'ont ébranlé, aux côtés de Robert Smith, Franck Black, Jeffrey Lee Pierce et Adrian Borland (The Sound). L'explication est beaucoup plus triviale. C'est que Nick écrit des chansons parfaites, j'adore son jeu de guitare (les techniciens pourraient en faire des pages sur le finger picking, mais moi la technique, je m'en fous), et puis il a une magnifique voix d'ange déchu. « Ghost of daylight » vaut bien « western lands », c'est le second chef d'œuvre de sa courte discographie. Leurs prédécesseurs étaient bons, mais ils avaient un côté mal dégrossi. Là on atteint au sublime. J'ai utilisé le terme folk, mais il ne rend pas bien compte de la réalité de la chose. C'est certes le premier qualificatif qui vient en tête à l'écoute du disque. Mais ça ne suffit pas à le caractériser. Ici on a affaire à un folk bien particulier, un folk en dentelles, un folk diaphane. Quelque chose de l'ordre de la toile d'araignée. C'est d'une subtilité rare, l'édifice est tellement cristallin qu'il en devient évanescent, fantomatique. Au milieu de l'album le temps s'arrête, les chansons laissent la place à des instrumentaux où plane une ambiance assez étrange de fin du monde. On ressentait déjà ça sur les plages instrumentales de la trilogie berlinoise de Bowie. Et après l'intermède, Talbot reprend consistance, il revient à la vie. Le disque se clôt sur 2 superbes morceaux dont le titre éponyme qui à lui seul vaut le détour. Ça pourrait bien être ça le secret de Gravenhurst : c'est la musique d'un monde qui se désagrège. J'ai aussi pensé aux angoisses existentielles exprimées par les Cure sur « Seventeen seconds ». Musicalement, on n'est pas très loin, mais chez les Cure de cette période, on était dans un rêve romantique. Il n'y avait pas ce sentiment d'horreur qu'on trouve chez Gravenhurst, horreur d'autant plus terrible que Talbot chante comme on chanterait des comptines à des enfants. Sa voix douce plonge dans le miel des visions chaotiques. Les textes parlent de la violence et de l'oubli, sous des angles plus métaphysiques que politiques. Et aucun émerveillement ne peut faire face à cette violence. La religion? Dieu est mort, « le fantôme de Saint Paul ne répond plus à l'appel ». J'ai été traversé par les sentiments les plus contradictoires. Tristesse, mélancolie, joie, émerveillement. Je réécoute sans cesse ces chansons. Sur la platine, «ghost of daylight » a remplacé « western lands ». Je suis dedans et je me répète sans cesse que oui décidément, le monde est triste et beau. Le temps efface tout mais donne du sens aux choses,... En écoutant ça on a l'impression de s'évaporer, mais la beauté de la musique nous pousse à en redemander. Je me suis tellement pris de passion pour Gravenhurst que j'ai lu tout ce que je pouvais trouver sur Internet. Il y avait une interview de Talbot où celui-ci disait que finalement selon lui seul l'art pouvait encore nous faire accéder à la transcendance. Je ne saurais dire ce qu'il en est pour l'Art en général mais en tout cas l'art de Gravenhurst y parvient tout à fait.

 
Extrait de l'album
 

 

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