Ces dernières semaines le hip-hop nous a comblé. Qu’il vienne des Etats-Unis (Blackaliciousn El-P), d’Angleterre (The Streets, Aim) ou même d’ailleurs (Intik, La rumeur), le hip-hop est de nouveau fait le chantre de l’aventure, de la recherche et des fusions contre-nature. "Deadringer" appartient à cette lignée de disques affranchis que rien ne parvient à canaliser. Songeur et serein ("Final frontier"), le hip-hop de RJD2 ne se la joue pas. Bien au contraire, il séduit surtout par son charme poétique ("F.H.H), sa culture soul noire et texture blanche ("Ghostwriter"). En proposant sur cet opus une hip-hop sans véritable affiliation, RJD2 à la recherche d’un absolu singulier, décharge tout son patrimoine génétique ("June"). Avec sa clarté, ses lumières diffuses et son propos musical personnel, "Deadringer" est tout simplement un disque brillant, inspiré, dont la descendance devrait certainement survenir dans les prochains mois. Entre ses tendances de bandes originales pour James Bond virtuels ("The horror" ou "2 more dead"), ses dérives blues pragmatiques ("Smoke & mirrors"), ses ambiances soul denses quasi big band ("Good time roll pt2"), "Deadringer" est un promenade sonore dans un univers psychédélique expérimental et formidablement abordable ("Work"). Avec la poignée de disques faramineux sortis jusqu’ici, auquel on ajoute sans aucune retenue ce "Deadringer", 2002 est déjà une grande année hip-hop. Le renouveau qu’on attendait depuis des années. |